Avouons. On y allait un peu beaucoup par nostalgie. Du moins, ceux de la génération RBO, comme la mienne, qui ont connu le quintette à la radio avant de voir leurs premiers « grands » spectacles. Souvenir ici d’une soirée magique à l’ancien Club Soda dans les années 1980, où RBO jouait ses tous, tous premiers « succès ».
Par Philippe Rezzonico
Mais lorsque nous avons quitté la Place des festivals après 90 minutes de spectacle bien tassées mercredi soir, force est d’admettre que Guy A. Yves P., André, Bruno et leurs invités – Richard Z et Mitsou – ont fait bien plus que de transposer l’album Rock et Belles Oreilles The Tounes sur les planches.
Forcément, c’était la musique qui était le centre d’attraction. C’est quand même formidable que des chansons comme Ça rend rap – qui a pavé la voie à la carrière de Loco Locass -, C’est Nono Noël – qui a pavé la voie aux titres absurdes des Trois Accords – et la franglaise I Want To Pogne – qui coupait déjà court, 25 ans avant la lettre (1989), au débat stérile portant sur les Dead Obies entre Christian Rioux et Marc Cassivi – n’aient presque pas pris de rides.
Les bombes
En fait, pas plus que le quatuor de choc qui ne concède que des livres en plus et des cheveux en moins au passage du temps. Bref, avec les Porn Flakes et Gaétan Essiambre à ses côtés, RBO a largué ses bombes comme Arrête de boire – dédiée à Claude Dubois -, Bonjour la police et Le feu sauvage de l’amour avec un plaisir jubilatoire partagée par la marée humaine intergénérationnelle qui noyait la Place des festivals.
Il fallait voir le retour de Richard Z, sans moustache et avec des kilos en trop, jouer de sa fausse guitare en bol de toilettes et apprendre que sa voix était toujours hors champ dans le passé…
Chantal Francke n’ayant pas voulu monter sur scène après des années d’absence des planches, RBO a invité la pétillante Mitsou à se joindre au spectacle. Elle a donné la réplique à Ducharme dans Erotico-Mocheton et un bon coup de genou dans les couilles de Yves P. durant Arrête de boire où « le sosie de Martine Saint- Clair » est devenu « la vraie Mitsou ». Une Mitsou en belle forme et en voix. Un comeback sur scène sous peu pour la jolie blonde? Très possible.
Ça, c’était le plaisir coupable de la soirée. RBO a su adapter son répertoire au moment présent et même à l’actualité, notamment par l’entremise des segments préenregistrés : Ringo Rinfret en entrevue à Tout le monde en parle avant d’interpréter Pourquoi se droguer?; La chanson du pardon, avec Madame Belleavance, qui ridiculise le ministre Yves Bolduc, le maire Jean Tremblay et l’ex-maire Gilles Vaillancourt; Sylvio Berlusconi qui prend la place de « Da Giovanni ».
Même les Bidules (Beatles) ne chantaient pas tout comme ils le faisaient dans le temps. RBO éparpille ses apparitions, mais ces gars-là demeurent férocement méchants.
Pour sa 32e présentation, le festival Juste pour rire a mis dans le mille : le meilleur groupe d’humour de sa génération est aussi le moins pire quand vient le temps de chanter. Succès sur toute la ligne.