Roxette: le sourire éclatant de Marie, la joie de Per

Roxette: un duo au plaisir contagieux. Photo Alain Décarie.

Vingt ans d’absence, c’est long. Ça crée une distance. L’oubli, parfois…  Mais quand les souvenirs d’antan évoquent de bons moments, on va aux retrouvailles qui sont parfois plus mémorables que ce que à quoi l’on s’attendait. C’est ce qui s’est produit, vendredi soir au Centre Bell, où Roxette a livré une performance pimpante au possible qui a accroché des sourires aux 5000 spectateurs présents.

Par Philippe Rezzonico

J’ai toujours soutenu que la musique avait une fonction thérapeutique. Si ça s’applique le plus souvent aux auditeurs, ce n’est pas faux de dire que c’est également vrai pour les créateurs. Exemple patent: Marie Fredriksson, la chanteuse de Roxette.

Survivante d’un cancer au cerveau au début  des années 2000, la Suédoise maintenant âgée de 54 ans a également des troubles de vision à un œil. Bien des artistes – bien des gens tout court -, préféreraient ne pas prendre de risques et demeurer à la maison. Marie et son complice musical de toujours, Per Gessle, ont opté pour l’autre alternative. Demeurer en vie au sens propre et au sens figuré du terme : au quotidien et sur les planches.

Même à une certaine distance de la scène, même sans l’apport d’écrans, le sourire de Marie était éclatant au possible. Avec l’identique allure de féline qu’elle avait au moment du lancement de l’album Look Sharp dans les années 1980, Fredriksson a porté vocalement les chansons festives du catalogue de Roxette avec un plaisir contagieux.

Marie Fredriksson affichait la forme au Centre Bell. Photo Alain Décarie.

Ceux qui l’avaient vu dans le passé ont noté qu’elle bougeait moins qu’avant, résultante directe de son handicap visuel. D’où ses déplacements fréquents en glissant ses pas sur les planches, histoire de palier à son manque de vision périphérique.  Mais ça ne diminuait en rien sa contribution au spectacle, d’autant plus que c’est Per qui ajoute les touches d’humour.

« Bonsoir Montréal. Ça fait 20 ans. Mon dieu! Vous avez grandi! », a lancé le chanteur-guitariste, incitant le public à chanter toutes les chansons aux paroles connues. « Et si vous ne connaissez pas les paroles, chantez quand même. C’est ce que nous faisons. »

Conseil superflu. La foule a spontanément repris les refrains accrocheurs de classiques comme Spending My Time, Fading Like Flowers, Listen To Your Heart et, bien sûr, It Must Have Been Love, le titre qui a permis au duo suédois de quitter la « froide Suède pour un Hollywood brûlant. »

Per Gessle: de la fougue, du talent et de l'humour. Photo Alain Décarie.

Pour d’autres chansons, la contribution de ce public qui donnait l’impression que nous étions 10 ou 15, 000 spectateurs était de l’ordre rythmique. Le trio d’ouverture formé de Dressed For Succes, Sleeping in My Car et The Big L, vitaminé au possible, a fait comprendre que tous étaient là pour faire la fête.

Marie et Madonna

Il y avait un intéressant parallèle à tracer avec Marie et Madonna, deux artistes du même âge, que l’on voyait sur la même scène à 24 heures d’intervalle. L’une calcule tout au quart de tour et charpente son spectacle en fonctions de ses thématiques – quitte à écarter des grands succès -, tandis que l’autre offre une performance dénudée d’effets spéciaux mais spontanée où le public entend tout ce qu’il veut entendre.

Crash! Boum! Bang! , avec un solo de guitare en finale qui s’étirait dans l’espace, l’effervescente How Do You Do, la puissante Dangerous, l’éclatante Joyride, avec des ballons lancés dans la foule, et, ça va de soi, l’historique The Look, qui a fait vibrer le Centre Bell, étaient toutes au menu.

Pas ce chi-chi avec Roxette, que des chansons aux refrains fédérateurs. Photo Alain Décarie.

Bien plus rock que sur disque en raison de l’apport du guitariste Christoffer Lundquist, Roxette s’est payé quelques jams dignes de mention que n’auraient pas renié de grands groupes rock, comme ce fut le cas durant 7Tewnty7 et The Look.

Pas de chi-chi. Pas de fla-fla. Pas de production majeure. Un duo, leurs musiciens, de la joie de vivre et des chansons plaisir en satiété. On ne pouvait rien demander de plus.