Simple Minds : les revenants, les bombes et la chorale

Jim Kerr (à l'avant-plan), Charlie Burchill et Sarah Brown: Simple Minds était en feu au Métropolis. Photo Catherine Lefebvre.

Un bon truc pour mesurer si les spectateurs en ont eu pour leur argent au terme d’un spectacle, c’est de noter si nombre d’entre eux ont du mal à s’exprimer. Disons que l’on a entendu pas mal de voix rauques, lundi soir, à la sortie du spectacle de Simple Minds.

Par Philippe Rezzonico

C’était proportionnel au nombre de fois que « chorale » s’est fait entendre dans le Métropolis qui débordait de toutes parts pour le retour de la bande à Jim Kerr à Montréal après une absence de près de trois décennies.

Don’t You (Forget About Me)? Tous chantaient en chœur du pied de la scène jusqu’à la dernière rangée au balcon. La mordante Sanctify Yourself? J’ai vu des spectateurs s’égosiller pour hurler les « woh-woh-woh!» L’explosive Alive and Kicking? On ne s’entendait plus. La fabuleuse Someone Somewhere In Summertime? La foule a repris le refrain tellement de fois que l’on a probablement battu les 18 reprises de « na-na-na » à la fin de Hey Jude

Jim Kerr: la forme à 54 ans. Photo Catherine Lefebvre.

Cet état de liesse, on l’a vécu et ressenti dès le départ. Après l’entrée sur scène à 20 heures tapantes (rarissime..) sur Broken Glass Park, les premières mesures de Waterfront ont fait monter les décibels du simple au quadruple et plus de 2000 personnes ont basculé de la première moitié des années 2010 à la première des années 1980 ins-tan-ta-né-ment!

En dépit de ses 54 ans, Kerr nous a rappelé illico qu’il en avait déjà eu 20 en se mettant à genoux, posture que l’on a revue à satiété tout au long de la soirée. L’Écossais peut ainsi interpréter certaines chansons en regardant le public des premières rangées les yeux dans les yeux. Contact intimiste à souhait.

Kerr a désormais la stature d’un homme d’âge mur, mais il a conservé une bonne fluidité de scène et sa voix est encore porteuse, même s’il ne s’est pas prier pour tendre le micro à cette foule dont la frange principale était représentée par des quadragénaires.

Simple Minds: des succès des années 1980 et encore la fougue pour les livrer. Photo Catherine Lefebvre.

N’ayant pas d’autre disque à promouvoir que leur récente compilation de grands succès, la prestation a été un enchaînement d’à peu près toutes les bombes d’importance de Simple Minds.

Certes, mon pote Stef aurait préféré un peu plus de matériel du tournant des années 1970 et du début des années 1980, même si nous avons eu droit à des livraisons atomiques de The Americain et de Love Song (le délire!), tirées de Sons and Fascination, et une solide version de The Fear of Gods, qui remonte à Empires and Dance. Mon amie Geneviève aurait bien aimé entendre Theme  For Great Cities. Personnellement, j’aurais pris Up On the Catwalk, de Sparkle In the Rain. Et j’aurais fait impasse sur Blood Diamonds, un nouvel extrait qui ne mérite pas vraiment le détour. Nous ne sommes jamais contents, finalement.

Cela dit, on peut difficilement reprocher à Kerr d’avoir misé sur des valeurs sûres pour ce retour. En revanche, l’idée de l’entracte n’était pas terrible, surtout pas après une version hautement mélodique de Giltering Prize et une New Gold Dream galopante et enivrante au possible qui a incendié le Métropolis. Dieu que ça chauffait au parterre.

L’idée de lancer la deuxième partie sur une livraison instrumentale de Speed Your Love To Me (sauf erreur…) n’était pas vilaine. Neon Lights, interprétée en solo par la choriste Sarah Brown, a fait de l’effet et a varié les ambiances. Brown a d’ailleurs bien partagé un autre classique avec Kerr, All The Things She Said.

Kerr et Brown: All the Things She Said. Photo Catherine Lefebvre.

La batterie de Mel Gaynor semblait parfois moins appuyée et moins en synchro que les claviers d’Andy Gillespie, impeccables. Quant à Charlie Burchill, l’autre co-fondateur de Simple Minds avec Kerr dans les années 1970, il assure encore à la guitare, même s’il n’a jamais été Hendrix.

Dans leurs rôles de revenants, les gars de Simple Minds ont livré un tas de chansons fédératrices d’un autre âge. De la bonne nostalgie pour les spectateurs dont quelques-uns auront peut-être des ampoules aux mains ce matin, tellement ils ont battu la mesure à bout de bras durant le spectacle.

Kerr et ses copains ont conclu le tout avec une version ultra-allongée de Ghost Dancing au sein de laquelle se retrouvaient Gloria et Take Me To the River. Un gros pot-pourri bien déjanté pour boucler des retrouvailles concluantes.