Stars Wars : renaissance éclatante ou catastrophe appréhendée ?

La vente de Lucas Films à Disney survenue cette semaine a frappé l’imagination, tant par la somme colossale impliquée que par le symbolisme liée à celle-ci : Mickey achète Darth Vader pour 4,5 milliards de dollars! Rien que ça… L’empire n’a pas eu besoin de contre-attaquer. Ici, un empire en a acheté un autre, tout simplement.

Par Philippe Rezzonico

Après la surprise initiale, les premières réactions ont été les mêmes, épidermiques, pour la plupart, quand on a appris qu’une nouvelle trilogie de Stars Wars allait voir le jour, avec ce qu’il convient de nommer pour l’instant Star Wars VII, quelque part en 2015. Je ne suis pas convaincu que ça soit une mauvaise nouvelle, même s’il est justifié d’avoir des craintes.

Dans Stars Wars et dans The Empire Strikes Back, la notion d’humour familial était l’affaire des robots C3Po et R2D2, ce qui n’affectait guère la courbe dramatique des films, de loin les meilleurs des six long-métrages.

La présence des boules de poils nommées Ewoks dans Return of the Jedi a toutefois annoncé une tendance désastreuse à venir, tendance qui a atteint son paroxysme dans The Phantom Menace qui a révélé Jar Jar Binks, le pire personnage de la série.

Si crainte il y a – au plan créatif – de voir Disney bouffer Lucas Films, elle est là : Jusqu’à quel point les prochaines moutures cinématographiques pourraient être encore plus « familiales » que celles des épisodes 1, 2 et 3 où l’on voulait plaire aux fans de la première heure (les belles bagarres au sabre laser), aux ados (l’imbuvable romance pré-Twilight entre Anakin Skywalker et Padmé Amidala) ainsi qu’aux enfants?

Gentleman George

Mais n’est-ce pas la faute de George Lucas, lui-même? Tout un homme d’affaires, ce George! Il avait conservé 100 pour cent des droits de tout son univers. Il n’était pas détenteur majoritaire de 63 ou 77 pour cent des actions de sa compagnie, comme ça se voit dans le milieu des affaires. Non, non… Tout l’empire était à lui. Disney va lui verser 4,5 milliards $ à lui tout seul! Pas en argent comptant, certes, mais quand même…

Or, George Lucas, le réalisateur et le créateur, était devenu nettement moins doué que George Lucas, l’homme d’affaires, au cours des ans.

Un redémarrage serait salutaire pour cette franchise qui imprime de l’argent comme de l’eau avec ses produits dérivés et ses autres plateformes (la série d’animation The Clones Wars est vraiment bien foutue), mais dont le vaisseau amiral (l’étoile noire?) a pris eau depuis deux bonnes décennies.

Observez la renaissance de Batman au grand écran sous la férule de Christopher Nolan et la cohérence des films des personnages de Marvel (Iron Man, Thor, Hulk, Captain America) au sein de leurs longs-métrages respectifs et dans cette foire spectaculaire que fut The Avengers cette année. Il y a des leçons à tirer, là.

La suite…

Mieux encadrée, Stars Wars pourrait redevenir une franchise qui plairait autant au public qu’aux critiques. Des milliers d’internautes se penchent déjà sur ce que pourrait être la suite des aventures de…  De qui, finalement?

Un seul conseil à donner aux créateurs. Souvenez-vous qui ont été les personnages les plus populaires de cette série.

Bref, situez donc la suite 32 ans après Return of the Jedi (1983), dernier épisode dans la chronologie. Vous pourrez donc présenter Luke Skywalker (Mark Hamill), Han Solo (Harrison Ford) et la princesse Leia (Carie Fisher) à leur âge actuel, vieillissants, dans Star Wars VII (cohue assurée des vieux fans au cinéma).

Le trio ferait le pont avec les nouveaux jeunes personnages. On pourrait voir apparaître un frère oublié de Luke ou un rejeton mouton noir de Han Solo et de la princesse Leia qui serait le nouveau Darth Vader. Faisons confiance aux scénaristes…. D’autant plus que Hamill et Fisher, contrairement à Ford, ne cracheraient pas sur un chèque de quelques millions de dollars.

Mais, de grâce, laissez les personnages de Disney en dehors du coup. D’accord?

On ne veut surtout pas – à la suite d’un retournement de scénario apocalyptique et d’un croisement spatio-temporel –  entendre Darth Vader dire à Mickey : « Mickeeeey!! I am your father! »

C’est Walt qui ne serait pas content…