Les anglophones ont un mot idéal pour décrire les spectacles présentés par The Franklin Electric ce week-end, au théâtre Corona Virgin Mobile: homecoming. La première prestation, livrée vendredi, était tout à fait dans le ton : un groupe, ses fans et un fichu de beau moment de musique.
Par Philippe Rezzonico
À plus petit échelle – quand même -, on ressentait la même chose que l’an dernier, également en fin d’année, quand Half Moon Run était venu boucler 12 mois de rêve au Métropolis.
Pour les gars de la Franklin, nous étions dans le même état d’esprit : l’année 2014 fut celle d’un disque fort bien reçu par le public et la critique, ponctuée de spectacles en Europe et de ces prestations pour boucler la boucle. Au départ, il ne devait y avoir qu’un show, mais l’engouement est tel que le groupe a dû ajouter une supplémentaire.
Et la bande de Jon Matte en était bien consciente. Le chanteur pianiste/guitariste/trompettiste était sur le point de conclure Uninvited, quand il a fait signe à ses collègues de réduire le volume au minimum pour lancer un « Salut Montréal ! »
À quelques reprises, Matte a parlé de la relation particulière que son groupe a avec la métropole du Québec et la province de Québec.
« Pour nous, un groupe qui chante en anglais, pouvoir jouer partout au Québec, c’est formidable », a-t-il lancé, en très bon français.
Le parallèle entre The Franklin Electric et d’autres groupes basés à Montréal comme The Barr Brothers et Half Moon Run est incontournable. Et cela tient autant à la localisation qu’aux influences musicales. Les chansons qui reposent sur des bases folk-rock ont des affinités avec les univers d’Half Moon Run, de Patrick Watson et même de Mumford & Sons, ce qui est particulièrement vrai pour 17.
Et si les frères Barr ont leur touche distinctive en raison de la présence de la harpe de Sarah Pagé, au sein The Franklin Electric, c’est la trompette de Matte qui colore comme pas une certaines des plus belles offrandes.
D’autant plus vrai qu’il ne joue pas de son instrument de façon pétaradante comme le font les trompettistes qui font partie d’une section de cuivres, ni en étirant les notes à outrance, comme le faisait Miles Davis. Les effluves de trompette sont rondes et chaudes et rappellent vaguement celles de Herb Alpert, période Whipped Cream.
Vocalement, Matte possède des inflexions similaires à Chris Martin et son phrasé survole avec aisance l’appui rythmique de Liam Killen et Martin Desrosby sur des chansons comme Strongest Man Alive, fortement prisée du public conquis d’avance.
The Franklin Electric sait être à la fois intense et touchant. This Is How I Let You Down, avant le rappel, et Old Piano, interprétée dans la première moitié du spectacle, ont été des moments forts. Il faudra quand même que Matte m’explique un jour pourquoi il a joué Old Piano sur un clavier électrique… alors qu’il avait un vrai piano à sa disposition à sa droite.
De nouvelles chansons comme So Far ont fort bien passé le test de la scène. À l’inverse, le quatuor a voulu verser dans l’intimisme en livrant Show Me the Air en formule acoustique au-devant de la scène. Joli moment.
Quand les garçons ont conclu avec une vibrante livraison de Unsatisfied, on se disait qu’on en aurait pris bien plus encore. Peut-être ce soir, pour le deuxième service.