Elle, c’est l’Américaine Alison Mosshart, qui est aussi, occasionnellement, la voix du groupe The Dead Weather, fondé par Jack White. Lui, c’est l’Anglais Jamie Hince. Ensemble, ils forment le duo The Kills, dont le plus récent disque Ash & Ice, a vu le jour au mois de juin.
Par Philippe Rezzonico
Et comme on l’a vu mercredi soir au Métropolis, quinze ans après leur formation, Mosshart et Hince font encore la paire : duo fusionnel, complémentarité exemplaire et complicité totale.
Il n’y avait aucun doute dès que le duo et ses musiciens se sont pointés sur la scène du Métropolis, mercredi, en cette première soirée du festival Pop Montréal. Hince, vêtu de noir et guitare au son tranchant dans les mains, et Mosshart, la crinière au vent, avec son chemisier en léopard.
Le volume du son était équivalent à la forme abrasive des chansons en ouverture, à commencer par le doublé coup de poing formé de Heart of a Dog et URA Fever. Mosshart a pris les commandes d’entrée de jeu avec la foule.
Avec sa jambe appuyée sur les moniteurs, elle a hurlé aux spectateurs placés à l’avant-scène dans ce qui ressemblait à une explosion volcanique qui ramenait au décor d’arrière-scène : une série de volcans en éruption. Sur les riffs ravageurs de Hince, la chanteuse s’est contorsionnée dans tous les sens. Jambes écartées, elle s’est pliée et tordue au point que son dos a touché les planches. Comme entrée en matière, difficile de demander mieux.
Si Mosshart et Hince partagent quelques titres au plan vocal, c’est largement la chanteuse qui s’impose à ce chapitre. Frondeuse, elle ponctue d’un doigt d’honneur haut levé Hard Habit to Break et elle se transforme en prêtresse durant Doing It To Death, incitant les amateurs à lever les bras vers le ciel. Parfois, c’est Hince qui attire les regards, comme lorsqu’il joue à genoux durant Baby Says et que sa partenaire bat la mesure.
The Kills ne font pas dans la dentelle. Presque toutes les chansons trempent dans des variantes musclées de rock alternatif ou de blues nappées de réverbération, tant pour les six cordes que les micros. Ça frappe fort et ça déchire, comme durant Tape Song, peut-être bien la meilleure offrande de la soirée. Attaque atomique.
Néanmoins, le duo parvient à créer des ambiances particulières, comme durant Black Ballon, ou avec That Love, quand Mosshart interprète la chanson, seule, en mode acoustique (guitare-voix) au début des rappels.
Mais personne n’est dupe. The Kills se conjugue avec sa force de frappe brute. Le doublé final (Pots and Pants/Monkey 23) avant le rappel le souligne à gros traits. Hince balance des lignes de guitare lourdes, tandis que Mosshart rampe au sol, comme si elle voulait éviter une volée de bombes qui s’abattent sur la scène. Explosif à souhait.
Ça se termine sur une version déjantée de Fried My Little Brains durant laquelle on a l’impression que Mosshart va se démantibuler elle-même en hochant la tête dans toutes les directions. Rien à craindre. La dame a du métier et le plus gros spectacle de cette première soirée du festival Pop Montréal 2016 a été un succès.