Too Many Cooks : le refus de disparaître

Dan Georgesco et Richard d'Anjou ont livré la marchandise pour ce retour de Too Many Cooks au Club Soda. Photo courtoisie Patrick Hay

C’est survenu une vingtaine de minutes après que Too Many Cooks eut investi la scène du Club Soda, jeudi. Dès que les premières notes de Refuse To Die se sont fait entendre, les «Ahhh !», les «Yes !» et les sifflets approbateurs ont suivi. Moment symbolique d’un retour du calibre d’un électrochoc.

Par Philippe Rezzonico

Symbolique, parce que personne ne s’attendait à revoir le duo formé de Richard d’Anjou et Dan Georgesco plus d’une décennie après la parution de leur dernier album studio. Mais ainsi va la vie…

Une rencontre pas prévue sur scène lors d’un concert privé des Porn Flakes, un désir de renouer pour vrai, un retour à l’écriture, une poignée de nouvelles chansons lancées cette semaine et un Club Soda bien tassé pour couronner le tout. Appelons ça le refus de disparaître.

Le Soda était plein de trentenaires avancés et de jeunes quadragénaires qui voulaient voir si leur groupe favori né à la fin des années 1980 avait encore quelque chose dans le ventre. Ils n’ont pas été déçus.

Si le public a réservé un bel accueil à la nouvelle Rev It Up et a renoué avec plaisir avec la fringante Buy Me a Girl et la crasseuse 19-8 Hutchinson, c’est Refuse To Die qui a rallumé la flamme. D’autant plus qu’elle fut suivie par I Wanna Sing qui, elle, a incendié la salle.

Déjà qu’elle était bien lancée, la chanson fut propulsée en orbite quand Lulu Hughes, choriste de luxe des Cooks, a quitté l’arrière de la scène pour venir se placer entre Richard et Dan et torcher – mais vraiment, torcher – la salle avec sa voix à déplacer des montagnes qui se situe entre celle de Janis Joplin et Tina Turner.

Quand elle a conclue l’offrande sous une clameur collective, il n’avait personne – de la barmaid jusqu’au technicien tout en passant par n’importe quel spectateur – qui voulait être ailleurs que dans le Club Soda. Pas loin d’être homérique.

Drôlement efficaces

A ce stade, personne ne se posait plus de question quant à savoir si Too Many Cooks avait pris la bonne décision de se reformer. D’Anjou, qui a multiplié les poses de Roger Daltrey, tient fort bien la route, tandis que Georgesco, qui n’a pas chômé ces dernières années, a toujours cette touche magique sur le manche de sa six cordes.

Georgesco et d'Anjou ont lancé cette semaine Munchies, un disque comprenant cinq nouvelles chansons et 14 classiques. Photo courtoisie Patrick Hay.

Si Kiss My Love nous a rappelé que les boys avaient des influences funk, ici et là, Turning To Stone a démontré que Too Many Cooks pouvait être lourd. Sur ce point, Sex Roulette fut très convaincante. Reposant sur un tempo frénétique, la chanson s’est conclue dans une explosion de bruit et d’éclairages éblouissants, les redoutables colonnes de lumières étant synchronisées avec les coups de massue du batteur Francis Fillion. Plein la gueule.

Le jeu de lumières imageait bien Jesus avec ses clignotements en forme de croix, tandis que Georgesco s’offrait la portion vocale, comme dans le temps. Sur le parterre, les fans ne se faisaient pas prier pour chanter.

D’Anjou s’est presque fait voler Believe Me Sister par la foule qui l’a entonnée sans préavis. Il a alors décidé de pointer son micro vers l’assistance. Durant Who (pesante) et Things I Said (ponctuée du « One by One » de Richard), j’ai réalisé que ça dansait ferme au balcon du Soda.

Les couples s’enlaçaient spontanément durant Decadance, autant que tout le monde levait le poing en l’air et scandait à pleins poumons les « Hey ! Hey! » de circonstance durant Rita. Dieu que Richard a encore la voix pour chanter «  I still love Rita !!!  » après toutes ces années.

La bonne nouvelle pour ceux qui n’étaient pas là, c’est que Too Many Cooks envisage une tournée en 2012. La bonne nouvelle pour ceux qui étaient là, c’est qu’on a eu droit à un fichu de bon show de Rock n’ Roll.