TREMBLANT – Jordan Officer, Jimmy James, Smokin’ Joe Kubek, Teeny Tucker, Wang Dang Doodle, The Mannish Boys, Joel DaSilva et Steve Hill, ça vous tente? Ils seront tous là – et bien d’autres – de jeudi à dimanche, lors du dernier droit de la 21e présentation du Festival international du blues de Tremblant.
Par Philippe Rezzonico
Dans les faits, cela fait près d’une semaine que les guitares acérées et les voix rappeuses au grain si particulier se font entendre sur les cinq scènes dispersées sur le site de villégiature et touristique de la plus grosse montagne des Laurentides.
L’avantage de présenter un festival dans ce village érigé comme on le connaît depuis des lustres, c’est que vous êtes toujours assurés qu’il y aura des gens pour applaudir les artistes du Québec, du Canada et des États-Unis qui s’y produisent.
Exemple. Lundi, c’était moche, rayon temps : pluie, crachin et nuages étaient au rendez-vous. Il y avait forcément moins de monde en face de la scène érigée en haut de la montagne quand Markus James et son batteur Marlon Green se sont pointés sur scène.
Green, soit dit en passant, fut le dernier batteur du légendaire John Lee Hooker. Rarement vu un musicien aussi expressif quand il joue. C’est quelque chose qui ressemble à du bonheur. Après avoir vu en personne la fin de B. B. King quelques jours plus tôt, on avait besoin de ça pour se remonter le moral.
Blues d’Afrique du Nord
Vous pensez que les deux messieurs avaient le blues, malgré le fichu temps? Nenni. Il fallait voir le sourire de Green, tout au long de la prestation. Une touche nette, presque en retenue, et métronome à souhait lors des chansons telles Orphan Child et Head For the Hills, et un rythme supersonique durant Goin’ Downtown, de R.L. Burnside, et dans une finale reposant sur le Bo Diddley beat, sulfureuse à souhait.
Bref, un jeu complémentaire aux ambiances de blues d’Afrique du Nord instaurées par la guitare ou le banjo de James, dont la voix avait une texture singulière en raison de l’utilisation de son micro des années 1950 en provenance de Chicago. En soirée, le duo a quadruplé son public – pas de pluie – et il a été tout aussi redoutable et inventif.
Blues canadien
On descend la montagne pour s’arrêter devant la scène où Steve Strongman s’escrime avec fougue. Armé de sa guitare acoustique, l’Ontarien qui offre un blues générique et efficace, ne reste pas seul longtemps. L’aisance avec laquelle les musiciens de blues peuvent s’accompagner n’a pas d’égal. Le langage musical est le même et il a le mérite d’être universel.
Après une solide Sugar Never Tasted So Sweet, Strongman est secondé par le guitariste Paul Deslauriers – avec lequel il a enregistré récemment -, puis par l’harmoniciste Guy Bélanger pour deux autres titres. Ces gars-là savent jouer et ils savent jouer ensemble. Un solide set tandis que la pluie s’estompe. Bière et crème glacée au menu pour la prochaine heure…
Blues vocal et collectif
On a retrouvé tout ce beau monde en soirée pour le sommet acoustique, et ce, avec d’autres artistes. Le genre d’événement qui permet aux acteurs de la journée de se retrouver dans un autre contexte.
Comme cela prenait une touche féminine dans cette journée, Angel Forrest est venue s’en charger. Avec Deslauriers et Denis Coulombe, la dame à la voix rauque a rempli l’espace sonore de belle façon.
En toute justice, la version de Whole Lotta Love de vous-savez-qui fut une réussite totale : une voix, du tonus, deux guitares. Deslauriers a pratiquement arraché les cordes de la sienne le temps de se donner corps et âme à la livraison dynamique et dynamitée.
Ce même Deslauriers a ensuite vu Dawn Tyler Watson le rejoindre. Et ils ont livré la marchandise, comme ils l’avaient fait quelques jours plus tôt au Festival international de jazz de Montréal.
Il y a d’ailleurs nombre d’artistes qui étaient présents au deux festivals, comme Vintage Trouble : événements distincts, sites aux antipodes, même désir de performance.
Il reste donc quatre autres journées – il semble qu’il va faire beau – pour profiter de cette 21e mouture à Tremblant. Et sinon, il y aura toujours bien la 22e l’an prochain. Après plus de deux décennies, ce festival a des bases aussi solides que la montagne sur laquelle il repose.
—-
Le festival international du blues de Tremblant, jusqu’au dimanche 13 juillet.
Programmation complète et détaillée au Festival international du blues de Tremblant.