Frank Ocean n’y sera pas, Miguel et Deap Vally y seront, le chanteur de New Order va jouer sur une jambe et vous vous demandez comment vous allez faire pour tout voir ce week-end au festival Osheaga. Tant de questions…
Par Philippe Rezzonico
Pour avoir assisté à toutes les présentations du festival depuis 2006, on a quand même quelques pistes de réponse. À la veille du huitième festival Osheaga, Rue Rezzonico vous propose un mode d’emploi et quelques suggestions.
Ajouts et annulations
L’Américain Frank Ocean s’est désisté plus tôt cette semaine en raison d’un problème aux cordes vocales. Inquiétant, ça, pour un chanteur… Azealia Banks a fait de même jeudi matin, en raison d’une infection à la gorge. La dame devait être la tête d’affiche (la dernière à se produire) sur la scène verte (21h45) vendredi soir.
Le chanteur R & B Miguel (3 août, 18h05, scène de la montagne) et les rockeuses de Deap Vally (3 août, 15h15, scène des arbres) s’ajoutent à la grille. Le premier m’indiffère au plus haut point, mais le rock crasseux des Californiennes Lindsey Troy et Julie Edwards, ça, c’est tentant. Au moment d’écrire ses lignes, on ne savait pas qui allait combler la case de Madame Banks à 36 heures d’avis.
La fracture de Bernard
New Order (4 août, 20h, scène de la montagne) sera là, comme prévu, mais avec le chanteur Bernard Sumner mal en point. Le 28 juillet, Sumner a annoncé sur le site web de New Order qu’il souffrait d’une fracture à la jambe sans en préciser la nature. Fracture de stress? On ne sait pas.
Il ne s’agit évidemment pas d’une jambe cassée, mais il prévient « qu’il ne pourra donner tout ce qu’il a » lors des prochains spectacles. La belle affaire… Tant que ça ne salope pas les livraisons de Blue Monday et de Love Will Tear Us Apart, on peut vivre avec ça.
Les têtes d’affiche
Qu’allez-vous voir? Ça dépend de vos goûts, mais il faut admettre que les trois têtes d’affiche sont parfaitement complémentaires.
Vendredi : The Cure, l’un des groupes alternatifs les plus connus, qui devrait faire plaisir autant à ses vieux fans qu’aux milliers de jeunes qui ne les ont jamais vus sur scène. À noter que dans leur tournée actuelle, la bande à Robert Smith s’offre des spectacles de trois heures durant lesquels ils alignent jusqu’à 40 chansons! Vendredi, ils n’auront que deux heures à leur disposition. Les trois titres de clôture (Boys Don’t Cry, 10 :15 Saturday Night, Killing and Arab) justifient à eux seuls leur présence à Montréal.
Samedi : le mutant Beck, qui a désormais deux décennies de carrière derrière lui. Encore prisé des jeunes – même s’il vient d’avoir 43 ans – et des plus âgés qui reconnaissent son génie musical, l’Américain modifie son répertoire de façon considérable d’un spectacle à l’autre. Aura-t-on Loser ou pas? On le saura samedi.
Dimanche : Mumford & Sons. Le groupe anglais aux influences folk, country et rock est l’un des groupes phares du moment pour le jeune public, mais toutes leurs influences sont connues des parents de ces jeunes. Peut-être le show potentiellement le plus rassembleur de la fin de semaine.
À ne pas manquer
Là, tout dépend de vos préférences. Personnellement, mon parcours va être axé sur des groupes pas vus depuis un certain temps ou certains que j’ai raté lors de leurs plus récents passages à Montréal.
Sur ce plan, The Breeders (3 août, 18h15, scène verte), qui vont jouer intégralement l’album Last Splash qui célèbre ses 20 ans cette année, est mon incontournable du week-end. Tout comme Jake Bugg (2 août, 17h25, scène verte), dont il s’agit du tout premier passage à Montréal. On va voir de quel bois le jeune homme se chauffe sur les planches.
Également à mon menu, Tricky (17h) qui précédera les sœurs Kim et Kelly Deal sur la scène verte samedi, ce qui va me faire louper Tega and Sara, qui vont jouer à 17h10 sur la scène de la rivière… On ne peut pas tout voir à Osheaga. C’est ainsi.
Alt-J (2 août, 16h15, scène de la rivière), Charles Bradley and His Extraordinaires (4 août, 15h45, scène de la rivière) et The Lumineers (4 août, 18h, scène de la montagne) sont aussi à ma grille horaire.
Rayon artistes locaux, j’espère pouvoir rattraper Xavier Caféïne (3 août, 19h10, scène des arbres), mais si j’y vais, je rate Vampire Weekend. Merde. Et je sais déjà que je rate Misteur Valaire à cause de New Order…
Et il y a K-OS, Carnage, Hot Chips, Diamond Rings, The Heavy, Jimmy Eat World, Stars et Les Soeurs Boulay… Tant de spectacles, si peu de temps…
La météo
L’an dernier, nous avons eu deux jours de canicule et une autre avec de la flotte à n’en plus finir. Dans les deux cas, c’est facile à gérer. Cette année, il pourrait pleuvoir chaque jour, mais pas trop. Il devrait faire chaud, mais pas trop. Difficile à gérer. Bref, prévoyez une petite laine pour les soirées (le mercure devrait être sous les 20 Celsius) et des vêtements en conséquence.
Ce qu’il ne faut pas faire
Nous allons être plus de 40, 000 sur le site, chaque jour. Ça demande un minimum de savoir-vivre. Par expérience, 95 pour cent des festivaliers sont courtois, polis et de commerce agréable. Mais il y a quelques exceptions et, surtout, des choses à ne pas faire.
Se la boucler : C’est normal, tout le monde jase sur le site. Aucun problème quand les groupes et artistes nous livrent des bombes sonores. Mais quand Lou Doillon chante tout en douceur ou qu’un groupe nous fait planer avec sa musique atmosphérique, ce n’est pas le temps de parler de sa laveuse et de sa sécheuse, o.k.? Bref, il faut savoir se la boucler à l’occasion.
Les déplacements inutiles : Si vous êtes en face de la scène verte (la plus éloignée du site) et que vous voulez voir quelqu’un qui joue sur l’une des scènes principales dans le quart d’heure qui suit, un conseil, restez où êtes…
En dépit des améliorations faites cette année, tout déplacement prend un minimum de temps. Et puis, c’est bien mieux d’apprécier les 40 minutes bien tassées de X plutôt que de voir 12 minutes de prestation de Chose et 11 minutes de Machin, le plus souvent, très éloigné de la scène, en plus de se farcir 17 minutes de marche…
Les cellulaires : Tout le monde va avoir un iPhone, une tablette ou un BB. Il y a même des bornes pour recharger nos petits appareils. Attention touchante, s’il en est une. Mais on s’entend sur un truc : ON NE TEXTE PAS EN MARCHANT!
Déjà, sur la rue St-Denis, ça peut devenir problématique. Imaginez dans une foule de 40 000 personnes. C’est d’ailleurs la meilleure chose à faire pour se prendre un coup de coude dans la gueule. Bref, regardez où vous mettez les pieds en marchant.
Les biberons: Il y a des milliers de gens qui vont à Osheaga pour la bonne musique, pour fraterniser avec les copains, sortir avec leur blonde, avoir du plaisir et boire un coup. Le problème, c’est quand tu croises un type qui en est à sa 12e bière vers 17h30 (les portes ouvrent à midi). Tantôt, ils sont tolérables. Parfois, pas du tout.
Dans le deuxième cas, soyez plus malins qu’eux et dégagez de quelques mètres. Parce que si vous leur adressez la parole pour leur dire à quel point ils vous emmerdent, ça va mal finir pour quelqu’un. Et tout le monde va à Osheaga pour avoir du plaisir, c’est bien connu.
Bon week-end.