Michel Rivard : retour en classe

Michel Rivard et ses classiques: l'excellence sous toutes ses formes. Photo Catherine Lefebvre.

Maintenant qu’il a mis un terme à ce qu’il désigne lui-même comme étant ses «activités parascolaires», Michel Rivard est enfin revenu à l’école, jeudi soir, à L’Astral. Non. Pas celle des cours dispensés à la télévision ou des rôles au petit écran. L’école de la vie, s’entend. La vraie. La seule qui compte. Celle des planches, où il excelle encore plus qu’ailleurs.

Par Philippe Rezzonico

En fait de classe, c’est plutôt à une classe de maître qu’il faudrait penser tant Rivard a survolé sa «préhistoire» et son «imparfait du futur». Et rien ne pouvait mieux le servir que ce spectacle qui ne servait à promouvoir aucun nouvel album.

Le plus marrant, c’est qu’on avait quand même l’impression de voir un spectacle tout neuf et absolument pas réchauffé, même si le grand Michel était accompagné du  bassiste Mario Légaré (depuis 1977), du guitariste Rick Haworth (depuis 1979) et du batteur Sylvain Clavette (depuis 1986). Oui, il y avait bien les choristes Lana Carbonneau et la fille de Michel, Adèle Trottier-Rivard, pour amener du sang neuf, mais ce sont les sélections et l’enrobage qui ont vivifié la proposition musicale.

Plein les voutes

Une toute nouvelle chanson (Roi de rien), des titres offerts à Maxime Landry (Paulo) et Éric Lapointe (Avalanche) rapatriés, un emprunt au catalogue de Fred Pellerin signé David Portelance (Le commencement du monde), une collaboration d’écriture avec Bori (Toute ta lettre) et deux titres extirpés du spectacle Les Filles de Caleb (Elle a dit nous deux, Ma belle brune) : c’était effarant de réaliser à quel point Rivard possède tant de matériel dispersé qui pouvait meubler sans coup férir une première partie émaillée d’anecdotes et d’humour.

Au menu: succès, raretés et même une nouveauté. Photo Catherine Lefebvre.

Ce premier tour de piste permettait aussi de mesurer qu’au-delà de l’esprit folk-rock qui émane de ses spectacles, l’instrumentation et l’apport vocal soutenu modifiaient la donne.

Sentiment confirmé en deuxième portion avec la musclée Bonne affaire et le doublé coup-de-poing formé par Rive-Sud et Méfiez-vous du grand amour. Le classique de Beau Dommage semblait sorti du terroir américain. Tellement vrai, que sans changer de registre ou de tonalité, Rivard et ses potes ont intégré Knockin’ on Heaven’s Door, de Dylan. Quand au monument qui remonte au premier disque solo du grand Flybin, ça faisait tellement longtemps qu’on l’avait entendu si mordant qu’on le redécouvrait presque.

Organique

Maudit bonheur, faut admettre, que d’entendre Un trou dans les nuages et Je voudrais voir la mer sans claviers ou synthétiseurs. Et que dire que de savourer Ginette avec plein de « Sha-la-la! », comme si elle avait été écrite au temps du doo-wop. Joie.

Clavette, Légaré et Haworth accompagnent Rivard depuis plus.... de 90 ans, à eux trois. Une paille. Photo Catherine Lefebvre.

Même Shefferville qu’on a entendue très souvent en mode solo ou minimaliste ces dernières années, prenait une autre couleur avec cette instrumentation dense, sans que ça n’amenuise la puissance du texte. Et nous étions plutôt contents d’entendre Motel mon repos

Ceux qui n’y étaient pas jeudi pourront y être vendredi, puisque Rivard et ses collègues qui arboraient le carré rouge reprennent du service en soirée.

N’empêche, arrivez tôt afin de trouver une bonne place assise. On vous assure que contrairement à ce qui se passe dans certains cégeps et universités, personne n’a séché la classe de maître après avoir mis les pieds dans L’Astral.