
Quiconque ayant passé la soirée de samedi devant la scène principale du festival Santa Teresa aura assisté à une soirée de gars. Ceux qui ont fait la même chose dimanche soir ont vécu essentiellement une soirée de filles.
Par Philippe Rezzonico
Bien sûr, King Hannah, qui était sur les planches vers 18h40, c’est un duo de Liverpool accompagné de deux musiciens, mais il était difficile de ne pas être attiré par Hannah Merrick en raison de sa splendide robe rouge et son allure, qui sa dégaine qui se situe quelque part entre une Patti Smith de 1975 et une P.J. Harvey.
La dame a un regard hypnotique, une voix qui lui permet de percer notre âme en chantant ou en narrant ses histoires. Si le son avait été supérieur, on l’aurait même entendue un peu mieux… Cela dit, Craig Whittle n’est pas en reste. Ses solos de guitares, parfois jubilatoires ou tantôt en travaillant autour de la ligne mélodique de son bassiste n’étaient pas loin d’être épiques.

La décharge sonore de ce groupe qui offre parfois des instrumentales était digne de mention. On veut les revoir dans leur propre tournée plus tôt que tard.
Le rouge était visiblement à l’honneur, puisqu’il s’agissait aussi du choix vestimentaire du survêtement d’Ariane Moffatt qui reprenait la route des festivals après la parution récente de son album surprise, Aire de jeux.
En fait de surprise, ce fut presque une déflagration à laquelle nous avons eu droit avec Jouer en ouverture et un set dynamité de dix chansons en 45 minutes qui comprenait près de la moitié des titres du nouvel album (Le ministère de la solitude, GYST, Vivantes, L’amour, le danger) et des reprises vitaminées de Je veux tout, Réverbère et Miami.

En raison de la sélection de titres, parfois, on se croyait à la plage – avec quelques degrés de moins – ou encore dans un festival électro-pop d’Europe tant Ariane et ses musiciens nous offraient des offrandes sautillantes ou galopantes qui faisaient danser les festivaliers
Comme le dit le titre de son album, Ariane a le goût de jouer. Et avec ses nouvelles compositions, son aire de jeux sera celle de tous les festivals où elle se présentera.
Passer après une telle prestation pour inquiéter certains artistes, mais pas Lou-Adriane Cassidy. Cette dernière s’est présentée avec le même groupe – incluant Thierry Larose, du trio Le Roy (Ariane Roy), La Rose et le Lou[p] – et une configuration de scène similaire à celle vue au Théâtre Beanfield en février, pour sa rentrée de l’album Journal d’un Loup-Garou.

Similaire, était aussi l’énergie, la présence de scène, la puissance vocale – après les deux premières chansons, après avoir réglé le problème de micro -, et l’abandon de l’autrice-compositrice-interprète qui a conservé le même enchaînement de chansons, mais en en enlevant quelques titres, ayant moins de temps à sa disposition.

On a écoute sa Prière quotidienne – qui n’est pas pour tout le monde -, écouté sa Chanson pour Odile, on l’a vu ramper et crier à la lune durant Journal d’un loup-garou, elle s’est éclatée au rappel avec Larose durant la finale déjantée de La pluie ne tombe jamais sur toi – durant laquelle, ironiquement, elle est tombée – et elle s’est agenouillée durant l’interprétation du désormais classique Entre mes jambes.
Et elle a aussi inséré Adieu, une des nouvelles compositions de l’album surprise Triste Animal paru il y a quelques jours – c’est la tendance, cette année – , qui va la suivre longtemps. Parlant de classique en devenir, tiens.