Arthur H: l’amour toujours, l’amour du français

Arthur H: musique sensuelle encore et toujours. Photo courtoisie Diane Sagnier.

Arthur H se produit à Pop Montréal ce week-end lors d’un deuxième passage au Québec cette année, après sa présence au festival Montréal en lumière en février. Au menu, encore une fois les nouvelles compositions de Baba Love, un opus né il y a moins d’un an qui marquait une rupture avec le récent passé de l’un des artistes français les plus assidus et les plus prisés du Québec.

Par Philippe Rezzonico

Au plan musical, Baba Love avait surpris en raison des textures sonores – beaucoup d’éléments électro – et du rythme. Il y a sur ce disque des compositions fougueuses au tempo rapide comme rarement Arthur H nous en avait gratifié. On avait pu mesurer ça de près au Club Soda il y a quelques mois. C’était fiévreux.

Cet enrobage s’accompagnait aussi d’un changement complet de musiciens, de gérance, de tourneur… Bref, l’entreprise avait des allures de renouveau.

« Si tu veux apprendre à nager, il faut que tu plonges, note l’ami Arthur, de sa voix toujours grave et profonde. J’ai plongé…  J’ai coulé… On m’a lancé une bouée… Elle m’a assommé, mais j’ai pu remonter, et là, je flotte doucement. C’est ce qui arrive quand tu fais quelque chose que tu ne sais pas faire.

« Je n’osais pas bouger, poursuit-il, avec son langage imagé. J’étais le Tom Waits francophone.  Maintenant, je suis le Mick Jagger (rires). Toujours avec une bouée, quand même… »

Pourtant, avec plus de deux décennies de métier derrière lui, Arthur H ne semblait pas le plus enclin à bousculer ses habitudes. Il faut croire que les tremblements de terre au sein de l’industrie de la musique affectent également les artistes qui font preuve de stabilité.

« Les artistes sont les grands perdants de l’arrivée du web », assure-t-il.

Les perdants

Quand le web s’est imposé de plein fouet au début des années 2000, bien des artistes soutenaient le contraire. Ils pensaient que le web allait leur permettre de s’émanciper des compagnies de disques et de profiter de nouveaux marchés.

« Avant, on travaillait pour les compagnies de disques. Elles nous en redonnaient pas tant que ça, mais elles nous en redonnaient. Maintenant, on travaille pour Apple et Google. Et ils ne nous donnent rien. Un jour, ce sera peut-être l’autoproduction et la distribution, mais je n’en suis pas encore là. »

Arthur H est un amoureux et un grand sensible.

« La musique et l’amour sont liés. Ça sert à faire les enfants. La fertilité, la sensualité, tout est là. Tant de grands l’ont fait avant moi. J’essaie de le faire en apportant ma petite variante. La chanson francophone évolue depuis cette tradition « Gainsbourienne ». De la poésie, du  rock, de la sensualité et un peu de psychédélisme. Les Talibans n’écoutent pas de musique. Ça leur est interdit. C’est une ablation de la joie. »

Le fait français

Joli paradoxe, il y a sur Baba Love un duo entre Arthur H, l’un des plus fervents défenseurs de la chanson d’expression francophone, et sa jeune sœur Izia. Une chanson forcément bilingue puisque soeurette chante en anglais, comme des tas d’artistes français depuis quelques années.

« Je n’aimerais pas que la langue française devienne une langue fantôme. Je comprends que l’on veuille s’exprimer dans une autre langue, mais suis contre l’Homo Americanus unique.

« Sinon, on va tous utiliser les mêmes mots. Les accords, les vêtements et la musique, même si c’est branché, tout sera pareil… Il y a là un fascisme rampant quand tout le monde vient de l’Oklahoma ou du Missouri.

« J’étais récemment à un festival à Clermont-Ferrand. Il y avait de jeunes groupes de Chypre, de Scandinavie et d’Espagne. Tous, exclusivement, chantaient en anglais. La diversité passe à la trappe. Et le summum pour ces groupes, c’est de faire une musique pour une publicité. »

Comme c’est le cas depuis le départ de sa « petite sœur », Arthur H aura une pensée pour Lhasa en fin de semaine, d’autant plus qu’il se produira dans une salle qui était chère à son amie.

« On joue au Rialto. Lhasa aimait bien cette salle. Ça sera donc assez électro pour les nouvelles chansons, mais aussi plus discret au piano pour des chansons  plus intimes. »

Arthur H, le 22 septembre, au Rialto, au festival Pop Montréal