Blue Rodeo: passé, présent et avenir

Blue Rodeo sera de passage à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts le 8 février. En toute justice, il y a longtemps que l’on a cessé de compter le nombre de fois que les Ontariens se sont pointés à Montréal depuis leurs débuts. L’occasion était toutefois idéale pour dresser un bilan de carrière avec Greg Keelor.

Par Philippe Rezzonico

Depuis quelques années, chaque fois que l’on parle à Keelor ou à Jim Cuddy, il y a un anniversaire de Blue Rodeo dans le portrait. Ça vient avec l’âge… Quand ton groupe existe officiellement depuis 1984 et que ton premier disque remonte à 1987, ça donne l’occasion de prendre du recul.

Outskirts, vous vous souvenez? C’était le premier disque officiel de Blue Rodeo, en 1987. Vingt-cinq ans l’an dernier. Bon, ce disque? Plutôt. Et visiblement, il n’a pas été oublié en dépit de la production colossale du groupe canadien.

Au début du mois, le périodique et site web canadien Now a dressé la liste des 50 meilleurs disques de l’histoire créés par des Torontois. Il y avait des gros joueurs là-dedans. Des vétérans légendaires comme Rush et Gordon Lightfoot et des artistes contemporains de premier plan tel Feist et Broken Social Scene.

Deuxième rang

Now a classé Outskirts au deuxième rang de ce classement de prestige, tout juste derrière l’album de spectacle de Neil Young enregistré à Massey Hall, en 1971.

«Maudit Neil Young! Il est toujours là», rigole Keelor, joint alors que Blue Rodeo avait déjà amorcé sa tournée pan canadienne qui mènera le groupe à Montréal le 8 février, à Québec le 13 et à Ottawa le 14.

«C’est un disque que l’on trouvait très satisfaisant au moment où il a vu le jour, se souvient Keelor. Il faut aussi se souvenir à quoi ressemblait la panorama musical canadien à l’époque. C’est la période des groupes avec des membres qui avaient de longs cheveux. Il y avait Honeymoon Suite, Parachute Club…

«Nous, on arrivait avec un disque qui contenait un peu de folk, un peu de rock, un peu de country. Ce n’était pas dans l’air du temps. D’ailleurs, les chansons de cet album n’ont absolument pas joué à la radio quand on a lancé le disque.»

– Pourtant, Try s’y trouve. L’une de vos chansons qui a joué le plus à la radio depuis plus de 20 ans.

«Oui, mais ça a pris un peu de temps. Pour bien des gens, ce disque était un flop. Puis, John Martin, de Much Music, a décidé de faire passer Try en ondes. Il n’aimait pas du tout le clip, mais il aimait beaucoup la chanson.

«C’est comme ça que la chanson a fini par se faufiler sur les ondes radiophoniques. Tellement, en fait, qu’on ne pouvait plus donner de spectacle sans la jouer… Nous n’étions plus capables de la sentir et à moment donné, nous l’avons mise de côté.

– Ce ne fut pas la seule. Diamond Mine a subi le même sort.

«En effet, on se savait plus quoi faire pour avoir du plaisir avec. Elle aussi, on l’a laissée dans les tiroirs durant un certain temps. Maintenant, on a encore du plaisir à les interpréter.»

La première période

Blue Rodeo a profité du 25e anniversaire de Outskirts en 2012 pour renumériser ses cinq premiers disques et les offrir dans un boîtier (Blue Rodeo 1987-1993) qui comprend démos, prises alternatives et du matériel inédit. Dans les faits, Outskirts a même été remixé.

«J’ai particulièrement aimé l’expérience. Comme bien des artistes, on réécoute rarement nos anciens disques. Là, c’était comme si j’ouvrais un scrapbook. J’ai été charmé à l’écoute de pistes que j’avais oubliées.

«Il y en a même que je préférais à celles qu’on avait retenues pour les disques à l’époque. Elles avaient plus de relief. On avait des pistes de Casino enregistrées en multipistes. C’était du bonbon de réentendre ça.»

Pour les mordus ou les nouveaux venus qui n’ont pas encore savouré les chansons de Blue Rodeo sur scène, le spectacle qui vient sera à l’image de ceux des dernières années : des tas de succès, des titres plus rares et des nouveautés.

«Nous avons déjà en mains les chansons qui formeront le prochain album. Ça fait plusieurs tournées que l’on profite des spectacles pour les jouer. C’est toujours un bon indicatif de voir la réaction des amateurs. On voit si on est sur la bonne voie ou pas.»

Depuis une dizaine d’années, on voit des tas de groupes et d’artistes interpréter intégralement et en séquence un album classique de leur répertoire. On se dit que Blue Rodeo pourrait le faire.

«Nous l’avons fait qu’une seule fois, il y a trois ans, au festival folk de Winnipeg. On jouait plusieurs soirs et on nous a proposé de jouer intégralement Five Days In July. J’ai trouvé l’expérience très singulière parce que c’est complètement différent que d’offrir un spectacle courant.

– Ça vous tente d’essayer de nouveau? Casino pourrait être un autre excellent choix. Il y a pas mal de chansons de ce disque que vous jouez toujours. Contrairement à Diamond Mine qui est nettement plus complexe à recréer sur scène.

«Diamond Mine est bien trop long (rires). Pour les autres, qui sait? C’est possible. J’avoue que l’on ne s’est même pas posé la question. Il faudra y penser sérieusement.»

Blue Rodeo à la Place des Arts (Montréal) le 8 février, à l’Impérial (Québec) le 13 et à la place Scotiabank (Ottawa) le 14 février.

http://www.bluerodeo.com/