Écrans canadiens : plus ça change, plus c’est pareil

Rebelle, en nominations aux Oscars, devrait en toute logique être le grand gagnant des nouveaux prix Écrans canadiens. Photo de production.

On a beau avoir changé le nom de l’événement, le résultat – à première vue – risque d’être le même.

Par Philippe Rezzonico

Les productions québécoises L’affaire Dumont, Inch’ Allah, Laurence Anyways et Rebelle représentent les deux tiers des films en nomination pour le titre de «Meilleur film» aux prix Écrans canadiens qui prennent la place des anciens prix Génies et Gemini. Midnight’s Children et Still Mine complètent les nominations dans cette catégorie.

Rebelle vient en tête des nominations (12) suivi de près par Laurence Anyways (10). Ces deux films obtiennent des mentions dans les trois catégories de pointe : film, réalisation et scénario.

L’affaire Dumont est nommé sept fois, alors qu’Inch’Allah récolte cinq mentions. Goon est le film canadien qui obtient le plus de nominations avec six.

Les Écrans canadiens remplacent la cérémonie des prix Génie qui existait depuis plus de trois décennies (32 ans) et celle des prix Gemini qui avait plus d’un quart de siècle (27 ans) au compteur.

Marilyn Castonguay (L’affaire Dumont), Évelyne Brochu (Inch’Allah) , Rachel Mwanza (Rebelle), Suzanne Clément (Laurence Anyways) et Geneviève Bujold (Still Mine) sont en nomination dans la catégorie «Meilleure actrice».

Marc-André Grondin (L’affaire Dumont), Melvil Poupaud (Laurence Anyways), Patrick Drolet (Tout ce que tu possèdes), James Cromwell (Still Mine) et David Morse (Collaborator) se disputeront l’équivalent masculin.

Animé par Martin Short, le nouveau gala sera diffusé le 3 mars à la CBC.

Dans les faits, cette fusion des anciens Génies et Gemini souhaitée par l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision vise à relancer l’intérêt du cinéma d’ici d’un océan à l’autre.

Je regarde la liste de nominations pour le meilleur film et je m’interroge.

Qui, à part les représentants de la presse spécialisée et une poignée d’indéfectibles du cinéma québécois hors de ses frontières, a vu les productions québécoises à l’extérieur du Québec? Assez de gens pour espérer une cote d’écoute substantielle à la CBC le 3 mars…

Posons-nous la question à l’inverse, tiens. Qui, parmi les francophones québécois, à part les représentants de la presse spécialisée et une poignée d’indéfectibles du cinéma canadien, a vu Midnight’s Children et Still Mine?

L’idée de la fusion des deux anciens galas est fort louable et on attendra de voir l’impact des prix Écrans canadiens pour porter un jugement définitif.

Mais s’il fallait qu’un film comme Rebelle s’offre une razzia de prix comme C.R.A.Z.Y. ou d’autres longs-métrages québécois l’ont fait dans la passé, je me dis que l’on risque de se retrouver rapidement à la case départ.