Francos, jour 7: Marie-Pierre Arthur, une fille et des guitares

Marie-Pierre Arthur était déchaînée au Club Soda. Photo courtoisie FrancoFolies/Jean-François Leblanc.

Nous étions tout juste à la fin de la deuxième chanson et Marie-Pierre Arthur lançait pour la deuxième fois un retentissant «  Oh Yeah ! » au micro. Fougueuse, enjouée et exubérante comme on ne l’avait jamais vue, la bassiste a transformé le Club Soda en fournaise mercredi soir.

Par Philippe Rezzonico

A l’écoute du disque, on avait déjà compris que les compositions de Aux alentours allaient donner plus de tonus à cette nouvelle tournée de la bassiste. Mais à ce point ? Vraiment pas. Ça ne faisait pas 20 secondes que la jeune femme avait amorcé Fil de soie dans un mode pop dissonant que la foule qui remplissait à ras bord la salle du boulevard St-Laurent battait la mesure. Premier cri de Marie-Pierre.

Enchaînement foudroyant avec Pour une fois, où le riff hard côtoyait une mélodie pop irrésistible rehaussée par le trio de choristes formé de Geneviève Jodoin, Virginie Cummins et Nancy Fortin. Deuxième réaction de Marie-Pierre.

On en reste là ? Du tout. Si tu savais a relancé la machine à fond de train. Cette fois, on pensait presque que Marie-Pierre, cheveux dans le visage, nous offrait une inédite des Rita Mitsouko tellement elle évoquait Catherine Ringer. Dans la salle, on se pensait au rappel après 15 minutes de performance.

Arthur et ses collègues ont parfaitement su gérer la courbe musicale. Entrée en matière explosive, portion centrale moins effrénée, mais pas moins intense, avant de repartir de plus belle en crescendo.

Énergie contagieuse

Rayonnante, l’artiste n’a pas cessé de dire à quel point elle était heureuse d’offrir ces nouvelles compositions et elle a fait preuve d’une présence de scène contagieuse. Tout le monde avait le goût de faire la fête.

Parlant de bon goût, le claviériste et réalisateur de l’album de Marie-Pierre, François Lafontaine, de Karkwa, a trouvé le moyen de dynamiser et d’enrober certaines chansons plus « anciennes » de sa blonde.

Fallait entendre Déposer les armes qui était d’une puissance de frappe magnifiée et qui s’est conclue dans un délire de claviers digne d’un décollage d’une soucoupe volante (dans un film de fiction, ça va de soit). A l’inverse, Elle et Ma tête à Off étaient revisitées dans une mouture estivale où le banjo de Joe Grass et les chœurs avaient la part belle.

Clap! Clap! Clap! Marie-Pierre Arthur battait la mesure. Photo courtoisie FrancoFolies/jean-François Leblanc.

Mais il ne s’agissait que d’une accalmie. Mercredi, Marie-Pierre était totalement rock n’ roll! Elle a beau avoir la même basse Hofner que McCartney, elle maniait son instrument comme une Fender Stratocaster. Grass et Guillaume Doiron la soutenaient avec des solos ravageurs, tandis que le batteur José Major tapochait sur ses peaux comme un beau diable. Lafontaine ? Si vous avez déjà vu Karkwa, c’était pareil, le petit côté chef d’orchestre en plus.

Les boys se sont même transformés en chanteurs d’un moment en reprenant avec aplomb Jealous Guy, de Lennon. Mais ce n’était que pour retrouver leur statut d’instrumentistes déchaînés quand ils ont permis à Marie-Pierre de mettre le Soda sans dessus dessous avec une enfilade de chansons dynamitées comme Emmène-moi ou Pourquoi. La galopante Chacun pour toi a permis de voir à quoi pourrait ressembler Arcade Fire si le groupe décidait de chanter en français. Percutant de même…

Quand All Right et ses effluves gospel ont bouclé la boucle avant le rappel, nous étions déjà rassasiés, mais il restait notamment une version en deux tons de A partir de maintenant à se mettre sous la dent. Amorcée sans amplification sonore par tout le groupe placé au devant de la scène, elle s’est conclue branchée dans le tapis, comme une version apocalyptique de Kashmir, de Led Zep.

Pas de doute : le meilleur show vu au Francos jusqu’ici.