Heavy Montréal (jour 2) : le karaoké de Limp Bizkit à la rescousse

Fred Durst en forme, en voix et en gros mots. Photo courtoisie evenko-Tim Snow

Fred Durst en forme, en voix et en gros mots. Photo courtoisie evenko-Tim Snow

Lorsque Avenged Sevenfold a déclaré forfait pour Heavy Montréal, les organisateurs se sont tournés vers Limp Bizkit qui n’avait pas fait escale en ville depuis 15 ans. Dans les faits, evenko a invité la bande à Fred Durst… et son karaoké.

Par Philippe Rezzonico

Cela a commencé ainsi avant même que ça commence, au fond, avec la piste son de Purple Rain et la voix de Prince. Puis, vêtu de gants rouges, d’un chandail vintage de Bo Jackson période Raiders de Los Angeles, d’un bas de pyjama et d’un chapeau d’armée ou de pêche, c’est selon, Durst a enchaîné avec My Generation, qui n’est pas celle des Who.

En forme, en voix et en gros mots de toutes sortes, Durst a ensuite dirigé ses chaotiques opérations avec un band du tonnerre. Le guitariste Wes Borland avec son maquillage facial deux couleurs (noir et blanc) était dans la foule en train de foutre le bordel d’entrée de jeu. Au fond, c’est exactement ça un show de Limp Bizkit : un gros bordel ambulant festif à souhait.

« Nous sommes Avenged Sevenfold, a ironisé Durst, en saluant la foule. Ce qui m’inquiète, c’est que les organisateurs n’avaient pas les moyens de se payer personne d’autre pour les remplacer ». Plus sérieux, il a souhaité prompt rétablissement au chanteur d’Avenged Sevenfold. On a même eu droit à un bout de Unholy Confessions.

Durst a salué le décès de Vinnie Paul, de Pantera en interprétant de courts extraits de Walk et de Cowboys From Hell. En fait, par moments, on se demandait si nous étions à un concert de Limp Bizkit… Faith, de George Michael, vraiment? Quant à Behind Blue Eyes, Durst a eu droit à une participation pas mal exemplaire de la foule pour le classique des Who.

Heureusement, Break Stuff, Rollin’ (Air Raid Vehicule), Hot Dog – et sa phrase-choc : « You wanna fuck me like an animal! » – et Nookie ont rétabli l’équilibre.

Bain de foule pour Durst. Photo courtoisie evenko-Tim Snow

Bain de foule pour Durst. Photo courtoisie evenko-Tim Snow

N’empêche, s’il fallait cibler le meilleur moment du groupe que Durst a désigné comme étant le « professeur remplaçant », aucun doute que la reprise de Killing in the Name, de Rage Against the Machine a remporté la palme haut la main. C’est d’ailleurs à ce moment que Durst a lui-même fait allusion au « karaoké show ».

Il a d’ailleurs incité un(e) fan à monter sur scène pour chanter avec lui. Quitte à faire du karaoké… Une fille s’est avérée une troll (elle ne connaissait pas les paroles), mais un gros bonhomme plus grand et massif que Durst a été irréprochable. Toujours sympathique, ce genre de moment.

Il ne restait qu’à boucler avec Take a Look Around, tirée du film Mission Impossible II. Au final, Limp Bizkit, ses chansons et ses emprunts ont sauvé la mise aux organisateurs de Heavy Montréal.

Quoique, en quittant le site, la phrase la plus entendue sur le pont qui sépare l’Ile Notre-Dame et l’Ile Sainte-Hélène était : « C’était (correct, pas mal, o.k.), mais j’aurais préféré entendre Avenged Sevenfold. »

Gojira, le sommet

En raison de l’orage de fin du monde de la veille, j’ai raté Emperor. Mais sur le fond, on va s’entendre sur un truc, Gojira a pas mal lessivé tout le monde, rayon métal pur, en fin de semaine.

Intenses et allumés, le groupe a sorti le grand jeu, soutenu par les meilleurs effets visuels vus du week-end, les fumigènes et les lance-flammes.

Joseph Duplantier, de Gojira. Photo courtoisie evenko-Tim Snow

Joseph Duplantier, de Gojira. Photo courtoisie evenko-Tim Snow

Non seulement la bande à Joseph Duplantier – qui ressemble au petit frère de Francis Cabrel avec ses cheveux courts – a des chansons qui frappent, mais aussi le moyen de les livrer avec force et cohérence, gracieuseté de Mario Duplantier, le frère de Joe et batteur-mitraillette. Backbone, s’il ne fallait nommer que celle-là, a été homérique.

Mais pouvait-on s’attendre à autre chose d’un band qui provient du pays qui a gagné la Coupe du monde de football? En Russie et à Heavy Montréal, en 2018, les Français auront été les champions!

La folie joyeuse

« Nous sommes Gloryhammer provenant de l’espace » a hurlé le chanteur Thomas Winkler, quand le groupe écossais a pris place sur la scène de la forêt sur des musiques médiévales. Je n’avais jamais vu Gloryhammer. En fait, j’ignorais que ça existait un groupe de power métal qui est un croisement entre les personnages de Robin Fusée de mon enfance et l’univers de Games of Thrones.

En raison de la présence de festivaliers vêtus en Deadpool et Spider-Man, je me pensais même au Comiccon, surtout quand Winkler se sert d’une masse comme un Thor de pacotille afin de frapper un gnome pas joli.

Thomas Winkler et ses collègues de Gloryhammer. Photo courtoisie evenko-Pierre Bourgault

Thomas Winkler et ses collègues de Gloryhammer. Photo courtoisie evenko-Pierre Bourgault

L’enrobage futuriste et bon enfant ne gâche pas une seconde la musique entraînante au possible du groupe qui mise autant sur les guitares que les claviers. Party garanti et participation massive de la foule durant Legend of the Astral Hammer, Victorious Eagle Warfare, The Hollywood Hootsman et The Unicorns Invasion of Dundee.

Cinquante minutes de pur plaisir contagieux pour le groupe qui passait à Montréal pour la première fois. Parions que ce ne sera pas la dernière.

Zzzz….

Un ami d’un ami d’un ami m’avait dit : « Ne rate pas Sleep, c’est la grosse affaire du week-end ». Après les dix premières minutes du groupe, je me disais surtout que le groupe méritait bien son nom.

Bien sûr, c’est du doom métal et pas du power ou du speed métal. Mais quand même… Je me suis concentré au maximum pour saisir la proposition artistique et je crois avoir pigé. Ce truc est fait pour les puristes du genre, les intellos du métal qui désirent planer comme du temps du rock progressif.

Quoique, pour la richesse de l’instrumentation, il faudra repasser… Il ne s’agit pas de King Crimson ou de Genesis, période Peter Gabriel.  Je suis néanmoins resté jusqu’au bout. Et resté sur ma faim jusqu’à la fin.