La tournée Black Ice: la mitraille d’AC/DC

Dans l’industrie musicale en mutation, il y a parfois des trucs qu’il ne faut pas chercher à comprendre. Cette semaine, c’est la parution du double disque compact de AC/DC enregistré lors de la tournée Black Ice, de 2009-2010.

Par Philippe Rezzonico

Le commentaire est motivé par le fait que la tournée du spectacle en question est terminée depuis longtemps et qu’un DVD enregistré au même endroit avait déjà vu le jour en 2011. Aucune importance, finalement, parce que cette tournée, ce fut de la dynamite.

À quel point était-ce bon? Histoire de vous retremper dans l’ambiance de cette virée,  voilà, grosso modo, la critique publiée sur Rue Frontenac au matin du 9 août 2009.

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Électrisant, tonitruant, vivifiant, assourdissant, euphorisant et rien de moins que complètement débile: AC/DC a fait trembler le Stade olympique rempli de plus de 50 000 fans, samedi soir, avec un concert de décibels et d’hymnes fédérateurs comme on en a rarement entendu.

Entendons-nous, des shows de légende, il y en a eu quelques-uns dans notre bol olympique depuis les années 1970 – j’en ai vu environ la moitié –, mais pas sûr qu’aucun d’entre eux n’a maintenu le rythme insensé imposé par la bande à Angus Young et Brian Johnson.

Vers 20h50, lors de l’extinction des feux, une immense clameur a secoué le stade. Sur l’écran haute définition de 40 pieds de haut placé au fond de la scène, on a pu voir la vidéo digne d’une bande dessinée qui amorce tous les spectacles de cette tournée AC/DC: Angus Young, avec sa queue et ses cornes de diable, aux commandes d’un train, qui se fait rudoyer par deux rock n’ roll chicks qui stoppent le train en gare.

S’ensuit alors une pétarade, des fumigènes, l’écran se scinde en deux et un train géant apparaît sur scène. Dites-vous qu’à ce moment-là, il n’y a pas eu une note de jouée, pas une chanson d’interprétée et six millions de dollars viennent d’être engloutis dans la production, juste avant d’entendre Rock N’ Roll Train.

Abandon total

Durant les 140 minutes qui ont suivi, Young et Johnson et leurs collègues ont joué comme si leur vie en dépendait, comme si c’était leur dernier show et presque comme si nous étions encore en 1981. Johnson a pris du ventre, mais sa voix de screamer est encore intacte. Pousser de telles notes à 61 ans, ça tient du prodige.

Et il affiche encore une forme du tonnerre, le Brian. Ce n’était quand même pas croyable de le voir courir à toutes jambes sur la passerelle pour s’accrocher à la corde de la cloche géante au début de Hells Bells, l’un des 16 classiques qui ont incendié le Stade olympique.

Remarquez qu’en début de programme, nous étions surtout occupés à mesurer le gigantisme de cette production: les cornes lumineuses géantes de chaque côté de la structure de 70 pieds, quatre écrans à haute définition, ceux des flancs étant orientés pour faciliter la vue des spectateurs dans les gradins, et pas moins de 266 amplis sur scène et accrochés sur la structure métallique. De quoi décoiffer et crever les tympans à n’importe qui.

Et justement, AC/DC n’a fait que ça: décoiffer et crever les tympans. À la troisième chanson, Back in Black a offert le premier moment de folie, mais c’est vraiment Dirty Deeds Done Dirt Cheap qui a fait hurler les fans qui sont tous aphones en ce moment, surtout quand l’écolier Angus a livré son premier solo à une main.

Assourdissant !

Le son, ou plutôt la qualité du son demeure toujours l’élément le plus problématique au Stade. Dans la 17e rangée au parterre où nous étions, c’était assourdissant à souhait, mais très bien défini. Je suis sourd au moment où vous lisez ces lignes… Ailleurs, dans les gradins de gauche, au fond du parterre, au sommet du dernier niveau, on n’a pas pu vérifier. Aussi bon? Pas pire? Pourri? On le verra sur les forums de discussion dans quelques heures.

Une chose est sûre, la foule vêtue principalement de noir n’a pas boudé son plaisir. Près du quart des 50 000 fans portait sur la tête les cornes lumineuses en plastique qui scintillaient de leur belle lumière rouge. Effet fabuleux dans le stade plongé dans le noir!

Dieu que les gens hurlaient  «Thunder !» durant Thunderstruck, en ajoutant des «ahhh-ahhh-ahhh-ahhh-ahhh-ahhh-ahhh-ahhh» aux moments judicieux. Quand la foule a battu la mesure, les bras en l’air, durant Shoot To Thrill, je me disais que ça ne se pouvait pas de voir plus de bras en l’air qu’à Coldplay, durant Viva la Vida, une semaine plus tôt. Il y avait quoi? Pas loin de 100 000 bras en l’air… C’était magique, au point que Johnson a dit que « vous allez être dans le livre des records, c’est sûr ».

Les nouvelles chansons ? War Machine et Big Jack font sérieusement le boulot. Il n’y a que de Anything Goes dont on se serait passé.

Dynamite

Les classiques? T.N.T., sans rire, a dynamité le stade, dans lequel presque tout le monde avait le poing en l’air, alors que le train crachait des flammes de toutes parts. Whole Lotta Rosie? Offerte avec une poupée géante de 50 pieds qui chevauche le train, poupée dont la poitrine ne faisait pas dans le 40 double D, mais bien le 2000 quadruple Z.

The Jack? La chanson la plus blues et cochonne d’AC/DC a servi aux caméramans du groupe pour filmer toutes les belles filles du stade et à Angus de faire son habituel strip-tease. N’empêche, dans le temps, Augus montrait vraiment ses fesses – et non ses caleçons – et les filles levaient leur t-shirt. Tout le monde vieillit…

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Dites-vous que la puissance est identique sur l’enregistrement réalisé en Argentine, mais il y a 19 sélections sur le double compact. À écouter le volume au maximum.

AC/DC, Live at River Plate (Sony), 4 étoiles. Présentement disponible.