L’héritage retrouvé de Maïa

Peu importe d’où l’on vient, nos racines sont profondes. Parfois, la vie nous éloigne d’elles sans que l’on ne sache trop comment. Mais les racines sont toujours là. Il suffit de les redécouvrir. Ou qu’elles se manifestent de nouveau. C’est ce qui est arrivé à Maïa Davies qui a renoué avec ses racines et son héritage.

Par Philippe Rezzonico

Dans la loge du Petit Campus, Maia Davies est un peu juste avant le lancement de son disque Héritage, premier disque solo d’un membre du quatuor féminin Ladies of the Canyon. Qu’à cela ne tienne, elle invite le journaliste à faire l’entrevue dans sa loge tandis que la coiffeuse apporte les dernières retouches à sa chevelure abondante.

Ce n’était pas exactement comme cela que l’entretien devait se dérouler, mais pour la jeune artiste, la vie a aussi pris un tournant imprévu ces dernières années. De son propre aveu, Maïa Davies n’aurait pas cru enregistrer un disque en français.

« Pas du tout, confirme-t-elle. C’est un projet qui s’est mis en branle complètement par hasard. On a passé beaucoup de temps dans les régions au Québec avec les Ladies of the Canyon. Et on a obtenu un beau succès auprès du public. Les spectateurs québécois ont démontré un réel enthousiasme à notre endroit. Les Québécois, nous ne sommes pas gênés pour manifester notre intérêt.  On aime ça la musique. On aime ça les arts… »

La redécouverte

Cette réaction du québécois et les longues heures passées en tournée dans les régions du Québec ont graduellement incité Davies à redécouvrir un pan de son passé quelque peu délaissé.

« Ce feeling m’a donné le goût de passer encore plus de temps au Québec, même si je le faisais pour ma carrière. J’ai pris le temps de faire du tourisme au Québec, de rencontrer du monde, de redéfinir ma langue… En tournée, je passais mon temps à écouter Radio-Canada. Je redécouvrais des chansons de mon enfance. Ça faisait tellement longtemps que je travaillais juste en anglais. D’ailleurs, c’est ce que je fais tout le temps (rires). Je travaillais seulement en anglais. Le français, c’était rendu que c’était juste avec ma mère.

Le fait français

Écrire et chanter en anglais, c’est une chose. Le faire en français est une tout autre histoire. Davies a entrepris l’aventure en essayant d’oublier le passé.

« J’avais déjà essayé d’écrire en français auparavant. Je n’avais pas réussi. Je trouvais ça pas très bon (rires).  Je n’avais pas poursuivi dans cette veine. En tournée, je passais mon temps à écouter Radio-Canada. Je redécouvrais des chansons de mon enfance. J’ai composé la moitié des chansons, spontanément, sur une période de six mois. Les chansons de voyage (Lac des aigles, Anticosti, À la Radio) ont été composées lors de la tournée avec les Ladies…

« Musicalement, il y a des chansons en français qui sont influencées autant par Harmonium que Bob Dylan. La musique est un langage universel. En français, la technique d’écriture est différente, mais je pense que j’ai été influencée par Daniel Bélanger. C’est vraiment un maître de la chanson. »

Cela dit, si la facture musicale du disque de Davies est plutôt proche de celle du premier disque des Ladies of the Canyon, le deuxième album de groupe formé de Davies, Senja Sargeant, Jasmine Bleile et Anna Ruddick va être moins country-folk.

« Les chansons qu’on a écrit pour le nouvel album des Ladies vont se démarquer du premier disque. Il y a encore du « roots », mais je dirais qu’il n’y a pas beaucoup de country. Plus de rock et du rock influencé des années 1970. C’est pour ça que l’autre groupe de chansons que j’avais écrit en français était plus intimiste et plus proche du style chansonnier. C’est pour ça qu’elles n’étaient pas idéales pour les Ladies. »

Sur la pochette d’Héritage, Maïa Davies pose avec un objet qui appartient à son grand-père : son épée.

« J’ai fait un peu d’escrime quand j’étais jeune, mais c’est surtout un bel objet. Et ça équilibrait bien la photo. L’épée en opposition avec la touche moderne de la grosse boule. Ça faisait le lien entre le passé et le disque qui est contemporain. Les deux points de vue, tout comme les chansons, qui sont en français, avec une poignée de titres en anglais. Ce sont mes deux pôles. C’est moi. »