Mara Tremblay fait trembler les murs de L’Astral

Mara TremblayLes techniciens étaient en train de préparer la scène en vue du spectacle de Mara Tremblay à l’Astral, vendredi soir, quand un retour de son aussi assourdissant que strident s’est fait entendre durant quelques secondes. Faillait-il y voir un signe de ce qui nous attendait?

Par Philippe Rezzonico

Probablement, à en juger par le volume – élevé – du son et la puissance de frappe offerte par Mara et ses musiciens durant la première heure de son concert.

Les assidus des spectacles de la Québécoise dont je fais partie peuvent vous le confirmer. Depuis une dizaine d’années, les concerts de Mara Tremblay provoquent leur lot explosions sonores, mais hier, aux Francos de Montréal, c’était par moments l’équivalent d’un incessante attaque de blindés.

D’entrée de jeu, Ton corps au mien, robuste ballade d’ouverture de son plus récent disque Cassiopée, était bien plus mordante que sa version studio, sans perdre une once de sa force mélodique.

Lumières et Diamants, tirée de La Manière des anges (2014), et le classique Les Bois d’amour, qui ont suivi, donnaient l’impression d’avoir été plongées dans la même marmite de potion magique. Les guitares de Mara et de Sunny Duval tranchaient dans l’air ambiant, soutenues par une rythmique du tonnerre de la bassiste Marie-Anne Arsenault et de Victor Tremblay-Desrosiers, le fils de la chanteuse.

Petite accalmie pour une magnifique ballade alterno, puis reprise tambour battant avec l’enchaînement de Toutes les choses, Le printemps des amants et Tu n’es pas libre. Au terme de cette dernière qui était presque métamorphosée en regard de sa version d’origine, un monsieur qui me voyait prendre des notes a glissé à mon oreille : « c’est la version Iron Maiden de la chanson. » Tout à fait. Et c’était formidable.

On ne dirait jamais assez que Mara Tremblay est une rockeuse alternative qui surpasse de beaucoup des artistes qui prétendent faire du rock, mais elle possède aussi cette sensibilité qui font que les chansons lui collent à la peau et restent incrustées dans notre mémoire.

Elle peut interpréter Carabine – qui mérite son nom, quelle pétarade! -, qu’elle dédie à sa compagnie de disques Audiogram, puis nous offrir la splendide Le Voyage, au violon, quelques instants plus tard.

Durant Mon chéri et sa savoureuse mouture pop-rock, Mara se fait aguichante dans le geste. Puis, s’emparant de sa basse électrique de 1957, elle nous téléporte ailleurs avec Cette heure au Lac Notre-Dame, un bijou mélodique. Puis, un beau partage avec la foule de Les aurores. C’était touchant.

Affaire de famille

Avec Mara, les shows des dernières années sont une affaire de famille. Il y a Sunny, son-ex, qui est « mon meilleur ami au monde », son fils Victor, qui a grandement pris de l’assurance à la batterie, et son autre fils, Edouard Tremblay-Grenier, qui a composé avec elle deux chansons et qui est venu les partager sur scène.

N’empêche, si cette tournée affiche de beaux moments tendres, la Mara alterno-rock je-casse-tout prend le dessus plus souvent qu’à son tour. Ses chansons fortes, charpentées sur de magnifiques mélodies ont été trempées dans un océan de guitares acérées toute la soirée.

En dormance affichait une dissonance digne du retour de son strident d’avant-spectacle et Notre amour est un héros, amorcée toute en douceur, s’est terminée dans une explosion qui n’était pas sans rappeler Nirvana.

Et si nous avons eu droit à la version Iron Maiden de Tu n’es pas libre, la version de Le teint de Linda, son tout premier extrait il y a deux décennies, était digne de Black Sabbath. Cela a fait boum!

Ce concert va figurer dans mon palmarès de fin d’année, n’en doutez pas. Ne le ratez pas quand il va passer dans une salle de spectacle près de chez vous.