40 ans de Bauhaus avec Peter Murphy et David J

Peter Murphy«I do get bored, I get bored, in the flat Field! I get bored, I do get bored! In the flat field!»

Par Philippe Rezzonico

Debout derrière son batteur qui frappait ses peaux comme un forcené, Peter Murphy était aussi menaçant que grandiose, samedi, au MTelus, quand il a chanté avec hargne et puissance le refrain de la chanson culte de Bauhaus. Et, non, personne ne s’est ennuyé une seconde.

En fait, il y avait foule dans l’ancien Metropolis où Bauhaus avait foulé les planches en novembre 2005, il y a de cela une éternité.

Cette fois sans la présence du guitariste Daniel Ash, Murphy ainsi que le bassiste David J et ses incontournables lunettes noires présentaient : Peter Murphy 40 years of Bauhaus. Technicalité en raison de l’absence de Ash, vraisemblablement. Qu’à cela ne tienne, nous avons bel et bien assisté à un concert de Bauhaus.

D’autant plus vrai que pour l’occasion, Murphy et ses collègues interprétaient intégralement et en séquence l’album In the Flat Field, paru en 1980. Il ne faut pas chercher plus loin pour comprendre pourquoi un concert prévu initialement au théâtre Corona a été déplacé au MTelus. Événement.

D’autant plus vrai que le disque a été offert d’entrée de jeu, quoique sans introduction. Donc, doublé coup de point en ouverture avec l’enchaînement de Double Dare et de la chanson-titre. Sans fla-fla, sans effet spéciaux et sans introduction Murphy et ses collègues sont entrés en force dans le vif du sujet.

À 61 ans, Murphy a conservé son panache, sa présence de scène et une voix porteuse. Il fallait le voir se mettre une couronne sur sa tête en finale de God In a Alcove. La théâtralité a toujours été partie intégrante de l’univers de Bauhaus et de certains de ses contemporains britanniques, comme The Cure.

Le festival de raretés

L’intérêt d’une proposition artistique comme celle de cette tournée est d’entendre des chansons d’un disque-phare rarement interprétées sur scène. Spy in the Cab, avec le motif récurrent entre la basse et la batterie, était du tonnerre. Murphy s’est servi ostensiblement d’un mégaphone pour l’interprétation de Small Talk Stinks et il a bouclé l’irrésistible St. Vitus Dance avec ses bras entrelacé avec son pied de micro comme s’il était crucifié sur une croix, posture qu’il a conservé pour Stigmata Martyr. Puissant symbolisme, ici.

Nerves, avec ses notes de piano accrocheuses, sa guitare grinçante et son chaos maîtrisé a été le point d’orgue de 45 minutes de pur plaisir. Cela dit, nulle introduction ou mise en contexte de Murphy. Les gars ont défilé les neuf chansons de l’album et les spectateurs qui n’étaient pas familiers avec la pochette du disque réfléchie sur le mur du fond n’ont peut-pas su qu’ils venaient d’assister à quelque chose de rarissime.

Les grands succès

Après avoir marqué une pause, la deuxième portion du concert est devenue pas mal beaucoup une enfilade de grands succès. Durant l’incontournable Bela Lugosi’s Dead, Murphy, avec son écharpe rouge et les projecteurs braqués sur lui de bas en haut, avait l’air d’une figure fantomatique à souhait, tel Peter Cushing dans un film d’horreur.

She’s In Parties, sans surprise, a été la chanson qui a fait le plus réagir le public féminin présent au MTelus. La chanson a même eu droit à une relance avec un décompte de 1, 2, 3! en français de la part de Murphy. Kick in the Eye et The Passion of Lovers ont provoqué l’effet escompté, mais, personnellement, j’aurais pris Terror Couple Kill Colonel et Telegram Sam. Choix éditorial. C’est correct.

Sur ce point, on remercie Murphy et ses potes qui ont ajouté au deuxième rappel Ziggy Stardust, qui n’est pas systématiquement interprétée à tous les concerts. Il y avait quelque chose de magique de voir le groupe dont Bowie fut l’une des inspirations interpréter avec générosité le classique que Bauhaus a enregistré en 1982.

Cela dit, au sortir du concert, je me disais que je n’aurais jamais cru il y a une trentaine d’années que le rock d’influence gothique allait un jour être l’objet d’une tournée nostalgique.