La mélodie imparable. Le refrain qui tue. Le chant fédérateur : tout ce qui a fait la renommée de Bryan Adams depuis trois décennies était réuni, mardi, au Centre Bell, pour l’un des plus rassembleurs concerts du Canadien en aréna.
Par Philippe Rezzonico
Présentée comme sa première tournée pan canadienne depuis deux décennies – même si Bryan vient à Montréal environ tous les quatre ans -, cette virée était aussi celle qui soulignait les 20 ans de parution de l’album Waking Up the Neighbours. Coup double, donc.
Il y avait 15, 815 spectateurs au Centre Bell comme si Adams était à son sommet de popularité de jadis et le chanteur-guitariste n’avait pas à nous présenter une demi-douzaine de nouvelles – et souvent somnifères – compositions, comme ce fut trop souvent le cas depuis une dizaine d’années.
Adams a donc pu ressortir des boules à mites une solide House Arrest et émailler ses autres succès de l’opus paru en 1991 tel They Will Never Be Another Tonight (bien sentie), Can’t Stop This Thing We Started (puissante) et le méga-hit, (Everything I Do) I Do It For You, chanté à l’unisson par la foule, comme toutes les ballades radiophoniques du Canadien d’ailleurs.
Ce show du sympathique Bryan, on l’a vu des tas de fois dans notre vie, mais mardi, il y avait du cœur, comme lors de la prestation intimiste d’Adams à Wilfrid-Pelletier en 2009, et, surtout, le supplément d’âme qui faisait défaut au Centre Bell en 2005.
Les émotions
Avec ses Heaven, I Tought I’d Died and Gone To Heaven, Do I Have To Say the Words ?, Please Forgive Me et l’irrésistible Straight From the Heart livrée en mode acoustique au rappel, Adams donne l’occasion à ses fans de vibrer au plan émotif.
Bon, on se serait passé de Me voilà (Here I Am) et All For Love, mais la première faisait presque office de présentation et la seconde – aussi jouée en acoustique sous une nuée de cellulaires allumés -, était expurgée de son côté sirupeux.
C’était d’ailleurs un constat évident pour les habitués. Comme toujours, simplicité au plan de la production – un écran géant, des amplis sur scène et rien d’autre – , mais un réel désir de revenir à une forme organique, comme en 1991.
Les décapantes
Kids Wanna Rock – ma préférée des années 1980 – est toujours là, mais elle semblait plus « garage » que naguère, alors que Hearts On Fire a mené à un furieux jam de guitares entre Adams et son ami d’enfance Keith Scott, du genre de ceux que l’on voit entre Springsteen et Steve Van Zandt.
Cuts Like a Knife a mené aux habituels « Na ! Na ! Na ! » chantés à tu-tête et It’s Only Love a été décapante, quoique c’était quand même plus sexy quand Bryan la faisait avec Tina Turner.
Adams s’est offert une courbe musicale bien calibrée, provoquant un crescendo du tonnerre avec 18 Till I Die (chantée avec ferveur et soutenue par des lettres géantes sur écran), Back To You – gros, gros party dansant – et la légendaire Summer of 69, dans l’une des meilleures versions jamais entendues.
Depuis que When You’re Gone existe, Adams fait monter un fan sur scène pour interpréter la chanson en duo avec lui. Mardi, la jeune femme originaire de l’Inde, Rowena, résidente canadienne depuis quatre ans, qui s’exprimait fort bien en français, a partagé le duo comme si elle était Mel C : gestuelle, attitude et pas de danse inclus. Très, très fort.
Le Canadien, qui s’est presque exclusivement exprimé en français, a aussi exploité la fibre locale avec une composition nommée Montréal Bound. En fait, à Halifax, cette chanson se nommait Halifax Bound. Et probablement Newfounland Bound à Terre-Neuve. Vous me suivez? Une chanson aux paroles intemporelles où seul le refrain est interchangeable selon la ville visitée. Pas mal, comme idée.
On ne sait trop ce que le rockeur longiligne âgé de 52 ans nous réservera dans l’avenir, mais c’était chouette de le revoir dans une forme qui rivalisait avec celle affichée lors de son passage au St-Denis en 2000. Et ça tombait bien pour un spectacle qui avait tout d’une tournée de grands succès.