Paul McCartney, The Rolling Stones, The Who, Roger Waters, Bruce Springsteen et consorts ont investi le Madison Square Garden la semaine dernière, pour la présentation du concert bénéfice des victimes de l’ouragan Sandy. Il y a 40 ans, c’était celui qui inspiré tous ces grands à devenir musiciens de Rock n’ Roll, Elvis lui-même, qui établissait résidence dans la même bâtisse.
Par Philippe Rezzonico
Elvis n’allait pas faire dans le minimalisme en ce mois de juin 1972. Rien de moins que quatre concerts en trois jours au MSG! L’événement était exceptionnel : Elvis n’avait jamais donné de concert à New York depuis le début de sa carrière, hormis ses apparitions télévisées dans les années 1950, quand il a donné le signal de la première révolution rock.
Curieusement, ce sont ses apparitions d’antan qui l’avaient incité à éviter la Grosse Pomme toutes ses années. Il avait été charcuté par la presse new-yorkaise lors de son passage au Milton Berle Show, 16 ans plus tôt. Et le jeune «Pelvis» avait été marqué par cette réaction négative. Il avait l’impression que les gens de New York ne l’aimaient pas. Comme quoi, on peut douter, même au sommet de l’Olympe.
Il en avait parlé à son ami Tom Jones lors d’une série à Vegas quelques mois plus tôt. Le Britannique lui avait dit de se pointer à New York sans crainte. Et Tom avait raison. Elvis – une fois de plus – fut le premier artiste de l’histoire à offrir quatre concerts à guichets fermés au MSG : 80, 000 spectateurs en trois jours.
C’est le 10 juin que les enregistreuses furent utilisées. Le concert présenté en soirée comprenait les vieux succès (Hound Dog, All Shook Up, Don’t Be Cruel) – parfois écourtés – et joués à 100 miles à l’heure, ainsi que les interprétations puissantes de nouvelles chansons qu’Elvis, vêtu de son costume blanc, voulait intégrer à son catalogue : la grandiose You Don’t Have to Say You Love Me, de Dusty Springfield; l’intense You’ve Lost That Lovin’ Feelin’, des Righteous Brothers; la déchirante I Can’t Stop Loving You, de Ray Charles, et, bien sûr, la monumentale American Triology.
L’album original est paru exactement une semaine (18 juin) après l’enregistrement, ce qui n’est pas banal. En revanche, la prestation enregistrée en matinée a mis près de 25 ans avant de voir le jour en format compact sous l’appellation : An Afternoon in the Garden.
Présenté dans l’exemplaire réédition Legacy, les deux spectacles historiques sont désormais regroupés pour une première fois dans un même format. Valeur ajoutée : le texte de Chris Chase qui était sur place le 10 juin 1972 et qui explique comment le stand-up comic qui passait après les Sweet Inspirations (le groupe black vocal d’Elvis) et avant le king s’est fait chasser par les 20, 000 spectateurs qui n’avaient rien à foutre de ses mauvaises blagues.
Au plan musical, les deux spectacles affichent des variantes. The Impossible Dream n’a été interprétée qu’en soirée, tandis que Blue Suede Shoes, I’ll Remember You et une rarissime version de spectacle de Reconsider Baby ont été offertes en après-midi.
Finalement, Elvis aura passé plus de temps dans le Garden ce jour-là que n’importe quelque artiste légendaire ne l’a fait la semaine dernière.
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Elvis Presley, As Recorded at the Madison Square Garden (RCA/Legacy)