Alexis HK est Français, mais de plus en plus Québécois d’adoption à en juger par sa présence assidue sur nos terres, ses tournées québécoises, son lancement d’album et le spectacle de son nouveau disque, Le dernier présent, jeudi soir, au Lion d’Or, lors du Coup de cœur francophone.
Par Philippe Rezzonico
Alexis HK est un Français au regard large dont les préoccupations contemporaines se heurtent à notre monde imparfait. Entre la poésie imagée et les travers de notre société, il nous propose une nouvelle offrande qui oscille entre bonheur et tristesse, entre chansons d’espoir et coups de griffes.
« On voit le monde au travers d’un certain prisme médiatique, dit-il, lorsque joint au Saguenay, où il offrait une poignée de spectacles avant de se pointer à Montréal. Oui, il y a des choses qui m’énervent, comme vous dites, en raison de l’image que l’on nous renvoie. »
Sur Le dernier présent, les personnages d’Alexis HK évoluent dans un genre de chaos perpétuel lié à l’état du monde dans laquelle la génération post-911 vit. Les baby-boomers, de mai 68 notamment (Fils de), n’ont pas le beau rôle, pas plus que les opportunistes et ceux qui profitent du système (les porcs, dans On peut apprendre).
« En politique, par exemple, chez nous, nous avons trop cédé à une certaine tendance « people » jusqu’à tout récemment. »
– Quand un président (ndlr : Nicolas Sarkozy) marie une vedette de la chanson, c’est ce qui arrive…
« En effet. Il y a une certaine conception du monde qui repose sur le libéralisme. Je penche plutôt pour l’humanisme. »
– Je vous écoute et je me dis que vous auriez été du côté des étudiants lors de notre printemps érable.
« J’étais effectivement au Québec en juin quand il y avait de nombreuses manifestations. Étant de passage, je n’ai pas pris parti, ça aurait été opportuniste, mais j’aurais été plutôt carré rouge, en effet. »
Libre
Même s’il y a un certain parfum de fin du monde qui traverse Le dernier présent, Alexis HK ne souhaite justement pas que les Mayas aient raison, eux qui pensent que la fin du monde surviendra le 21 décembre 2012.
« L’image de notre civilisation a beau ne pas être terrible, je pense qu’il faut vivre le moment présent. Mais à son rythme, sans que notre liberté soit menacée. »
Libre, Alexis HK l’est. Libre d’écrire ce qui lui chante et de chanter ce qui lui plait, que ce soit dans une forme digne des ménestrels (Ignoble noble) ou avec des ornements sonores contemporains qui enrobent joliment des chansons (Je reviendrai, Le dernier présent, Charité populaire) à la facture sonore plutôt intemporelles.
« Je ne pense pas que Le dernier présent aurait pu voir le jour en 1950, même si on parle souvent de mes influences de Brassens, note l’auteur-compositeur, attrapant au vol mon commentaire. Il y a une forme de sobriété, mais elle est au service des chansons. Pas désuète. »
Félix
Il y a deux ans, Alexis HK a remporté le prix Félix-Leclerc lors des FrancoFolies de Montréal. Un honneur qui l’a marqué et qu’il chérit encore.
« Félix était un chanteur qui trainait autour de la maison, se souvient-il. Quelqu’un que j’ai beaucoup entendu durant mon enfance. De recevoir un prix qui porte son nom, c’était évidemment un honneur touchant et ce fut important. La preuve, on m’en parle encore. »
Demain soir, Alexis HK offrira en mode guitare-voix ses nouvelles compositions aux Québécois qui ont appris à le connaître depuis bientôt une décennie. Et comme le dit le titre de la dernière chanson sur son disque, c’est peut-être La fin de l’Empire, mais sûrement pas la fin du monde. Vivons.
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Alexis HK – Le dernier présent, maintenant disponible.
Alexis HK au Coup de coeur francophone, avec Tristan Malavoy, au Lion d’Or, le 8 novembre, 20h30.