
Dumas: encore de la fougue pour son nouvel album, L'heure et l'endroit. Photo d'archives. Courtoisie Catherine Lefebvre.
La dernière fois, il nous avait fait pénétrer dans le processus de création avec mini-albums et spectacles avant la parution de l’album Traces. Cette fois, hormis un extrait, nous avons découvert la totalité des nouvelles compositions de L’heure et l’endroit le jour du lancement. Deux façons de faire aux antipodes : un seul Dumas. Plus confiant que jamais d’être à l’heure à ses rendez-vous.
Par Philippe Rezzonico
«Au plan de la démarche, c’est évident que je ne voulais pas me répéter», explique l’artiste qui a lancé son disque lundi, à La Tulipe, en interprétant en totalité les nouvelles chansons dans l’ordre séquentiel du disque physique. « Mais au niveau de la musique, ça avait aussi toute son importance.»
Traces, paru en 2009, avait été précédé des mini-albums Nord, Rouge, Demain et Au bout du monde, lancés plus ou moins à un trimestre d’intervalle durant l’année qui avait précédé. L’auditeur pouvait entendre les versions brutes de certains titres qui allaient trouver leur finalité sur Traces. Pour l’amateur de musique qui carbure à la découverte, c’était l’occasion de mesurer l’évolution créative de Dumas comme si nous étions en studio avec lui.
«Les EP se voulaient être le processus d’écriture de plus de 40 chansons. Ce n’était même pas évident lesquelles allaient se retrouver sur Traces. Ici, il y a juste neuf chansons et ça dure uniquement 35 minutes. C’est très précis. Je savais exactement ce que je voulais, même si ça n’a pas été moins de travail en studio.»
Enregistrer à chaud
L’autre aspect un tantinet différent de la démarche de Dumas pour cette nouvelle galette réside dans le moment où il a commencé à graver ses pistes d’instruments. L’artiste avait commencé à casser des chansons brutes lors d’une tournée intimiste passée volontairement sous le radar.
«On a commencé à enregistrer au lendemain de la fin de cette tournée, précise-t-il. Nous étions encore complètement dans l’esprit de la scène. Il n’y avait aucun décalage. Nous (lui, Louis Legault et Carl Bastien, de retour à la réalisation) sommes entrés en studio sans pause. C’est probablement la raison pour laquelle je trouve que c’est mon album qui est le plus proche de ce que je fais sur les planches.»
Si ce nouveau disque demeure essentiellement contemporain à l’écoute – c’est du Dumas de 2012, quand même -, c’est aussi l’album qui compte le plus de références au passé, tant au plan du contenant que du contenu.
Regardez cette pochette blanche avec ces photos prises avec une profondeur de champ différente. J’ai pensé à Sell Out (The Who) au premier regard, à cause de la couleur et du cadrage.
Écoutez le disque dans la séquence proposée. Il y a clairement une face A avec des compositions lancées à vive allure et une face B plus en retenue, comme dans le temps des vinyles. Ça, c’est sans compter les effluves musicales qui colorent et enrobent les chansons de Dumas qui vont des épices Motown aux claviers, tout en passant par des guitares qui évoquent l’esprit de séries télé de science-fiction des années 1960.
«Je suis un gros collectionneur de vinyles et le contenant est inspiré par les vinyles. C’est un hasard que la photo de la pochette ait été prise en Angleterre, mais ma présence là-bas n’avait rien d’accidentel. J’étais là en vacances avec l’intention d’acheter des vinyles. C’est un ami qui venait de s’acheter un 35 mm des années 1970 qui a pris ces photos qui représentent l’esprit de l’album. Ça me fait penser à The Kink Kontroversy ou à Sell Out.
L’intégration
«Pour la musique, il y a des influences soul et Motown, du sci-fi, de la pop british. Toutes des choses que j’aime et que j’avais le goût d’intégrer ici. Ça me fait d’autant plus plaisir que je le fais en chantant toujours en français. On entend souvent dire que ce n’est pas facile de chanter du rock en français.
«Il y a eu peu de groupes francophones d’Europe qui l’ont fait dans le passé. Téléphone, Noir Désir, Bashung, entre autres, mais j’ai jamais considéré la langue comme un obstacle de pouvoir faire de la chanson rock. Et c’est ça, ma proposition aux gens. D’intégrer toutes ces influences à mes chansons en français.»

Pour Dumas, chanter du rock en français est une évidence. Photo d'Archives. Courtoisie Catherine Lefebvre.
Dumas voulait un disque plus précis et direct. Ça ne se reflète pas que dans la production qui est moins chargée qu’elle ne l’a déjà été. Au plan des textes, on ne cherche pas de midi à quatorze heures pour lire entre les lignes.
«J’ai bien tenté quelque fois d’écrire les textes avant la musique, mais je reviens toujours à l’autre formule. C’est la musique qui dicte mes textes. Et parce que je voulais quelque chose de plus concis, ça se reflète sur ces textes. Ils sont moins ambigus. C’est aussi la raison du titre de l’album: L’heure et l’endroit, tous au rendez-vous en même temps.»
Et si vous avez raté le lancement, vous n’aurez qu’une chance de revoir Dumas sur les planches d’ici l’automne à Montréal, soit au festival Osheaga.
«Je l’avais fait une première fois il y a quatre ans. J’avais joué un peu avant les Smashing Pumpkins sur le gros stage. J’en garde tout un souvenir et je suis vraiment fier d’y retourner.»
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Dumas. L’heure et l’endroit. Disponible en magasin et en ligne.
Dumas sera au festival Osheaga