FIJM 2013, Jour 1: Pink Martini: ce soir on danse!

Chiba Forbes est de retour et on danse avec Pink Martini. Photo Victor Diaz Lamich/Courtoisie FIJM

Avec le retour de la chanteuse China Forbes, l’occasion était belle pour Pink Martini jeudi soir de renouer avec le public montréalais avec la formation qui a séduit le Québec dès le début des années 2000. Objectif atteint en cette ouverture du 34e Festival de jazz… avec un grain de folie en prime.

Par Philippe Rezzonico

Pink Martini, c’est la tour de Babel, les Nations-Unies de la musique. Ce collectif mis sur pied par le pianiste Thomas Lauderdale et China Forbes aux États-Unis il y a une quinzaine d’années est le plus éclectique ensemble musical que l’on puisse imaginer.

Chaque fois que le groupe élargi nous visite, on est stupéfait par le nombre de langues interprétées. L’anglais et le français bien sûr – China Forbes parle notre langue avec plus de fluidité que Lauderdale -, mais aussi l’italien, l’espagnol, le japonais et, dans le cas de cette tournée, l’allemand, le croate, le grec et le truc. Traduction non comprise.

Ce qui n’a aucune importance en soi. Avec ses cordes, ses cuivres, ses percussions, Pink Martini est en soi un magistral instrument de musique. Charmés d’entrée de jeu, étions-nous, avec l’incontournable Malaguena, avant que Forbes se pointe pour interpréter Amado Mio avec une voix qui démontre que son opération aux cordes vocales n’aura laissé aucune séquelle.

Thomas Lauderdale et China Forbes: complicité intacte. Photo Victor Diaz Lamich/Courtoisier FIJM

Le boléro cubain Quizas, Quizas, Quizas (Perhaps, Perhaps, Perhaps par Nat King Cole en 1958 et Doris Day en 1963) et Sympathique (Je ne veux pas travailler), le premier tube du groupe, ont mis les 3100 spectateurs présents dans leur petite poche.

Avec Pink Martini, un spectacle est autant un cours d’histoire (les introductions de Forbes ou Lauderdale), qu’un cours de langues, Forbes, Timothy Nishimoto (pour Mayonaka no bossa nova et Uskudar) et le tromboniste Robert Taylor (She Was Too Good To Me, dans un registre vocal fragile à la Chet Baker) alternant au chant.

Et c’est aussi l’occasion de danser, même si le FIJM s’évertue à programmer Pink Martini dans des salles où l’on ne peut le faire, ce que j’ai – gentiment – reproché quelque fois à Laurent Saulnier au cours des ans. Je suis toujours gentil… Pas grave. Thomas Lauderdale m’a donné raison en demandant aux spectateurs de monter sur scène pour Donde Estas Yolanda?… avant de réaliser qu’il n’y avait aucun accès pour le faire.

Lauderdale a dit qu’il allait revenir sur le sujet dans quelques minutes et, en effet, avant The Flying Squirrel, il a répété l’invitation et le personnel de la PdA a ouvert la porte qui donne accès aux coulisses, côté jardin.

Thomas Lauderdale voulait voir des spectateurs danser. Il a donc invité le public sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier. Photo Victor Diaz Lamich/Courtoisie FIJM

Une soixantaine de spectateurs se sont prévalus du privilège et se sont massés derrière le groupe alors que les instrumentistes rivalisaient d’un solo à l’autre. Enfin! Huit ans après l’occasion ratée du Métropolis (le premier show en salle de Pink Martini au FIJM en 2005), on avait droit à l’image rêvée: des dizaines de danseurs autour du collectif de Pink Martini en feu. Image magnifique.

Et les spectateurs sont restés pour danser langoureusement durant la splendide Let’s Never Stop Falling In Love et la remuante Uskudar, « une chanson aux paroles tristes sur une rythmique joyeuse, comme la plupart des chansons de Pink Martini», dixit Lauderdale.

Après leur départ, le violoniste Nicolas Crosa a volé le spectacle avec un solo magistral durant Romanza Andaluza, Hey Eugene a ramené le volet pop de Pink Martini et Una notte a Napoli a rallié tout le monde pour le final.

Le salut à Moustaki

Au rappel, China Forbes a rappelé qu’elle avait enregistré Ma solitude avec Georges Moustaki et elle a dérogé au programme prévu pour l’interpréter en mode mimaliste (guitare-voix) face à une foule qui a chanté le classique avec elle… comme nous le faisions durant les spectacles avec l’ami Georges. Grosse émotion.

China Forbes n’a gardé aucune séquelles de son opération aux cordes vocales. Photo Victor Diaz Lamich/Courtoisie FIJM

Émotion qui est redevenue une fête quand Lauderdale a redemandé la présence des spectateurs sur scène pour une Brazil rassembleuse au possible : les cuivres de Gavin Brody et Robert Taylor bien chauds, les rythmes des tambours, le piano en accéléré et Forbes, bras en croix, qui chante dans une salle où tout le monde, sur scène, au parterre et au dernier balcon, danse sans retenue.

Deux constats : Pink Martini ne doit plus jamais passer par Montréal sans China Forbes et le personnel de la PdA peut laisser ouverte la porte des coulisses dès le premier numéro, ce soir…

Pink Martini, en spectacle à la PdA, le vendredi 28 juin, lors du 34e Festival de jazz de Montréal.