FIJM 2016 (jour 3) : le trio de Chick, le spectacle de Christian

Chick Corea, Christian McBride et Brian Blade. Photo courtoisie FIJM/Victor Diaz Lamich

Chick Corea, Christian McBride et Brian Blade. Photo courtoisie FIJM/Victor Diaz Lamich

Il est toujours sympathique de voir des artistes d’une vieille génération embrasser les habitudes d’une plus jeune. Il fallait voir Chick Corea arriver sur la scène de la Maison symphonique, vendredi, et se mettre à mitrailler la foule avec son téléphone intelligent dans les quatre coins de la salle.

Par Philippe Rezzonico

C’était encore plus sympa le voir échanger, partager et rigoler avec  ses « deux génies », le contrebassiste Christian McBride et le batteur Brian Blade, qui comptent parmi les meilleurs sections rythmiques qui soient.

Il y a même eu partage avec la foule dont la contribution vocale collective a servi à accorder tout le monde. Disons que nous étions loin de l’imager désuète du trio jazz coincé sur les bords. D’autant plus vrai qu’une prestation à la Maison symphonique s’avère une expérience de spectacle diablement différente.

Depuis l’ouverture de la Maison symphonique il y a quelques années, les assidus ont remarqué que les lumières étaient souvent bien moins tamisées que dans n’importe qu’elle autre salle de concert de la ville.

On comprend que le noir opaque qui sied si bien au Gesù, par exemple, n’a pas droit de cité, ici. Mais pour cette performance de Corea, nous étions rien de moins qu’à la lumière ambiante. Une demande de l’artiste? Je l’ignore, mais cela devient pas mal difficile de se concentrer uniquement sur le trio quand tu vois tout le monde dans ton champ de vision.

Le long passage central dominé par Corea durant Someday My Prince Will Come, hommage à Miles Davis, était particulièrement réussi et a démontré, comme s’il le fallait, la cohésion du trio. En revanche, Corea semblait vouloir faire beaucoup de place à McBride, qui, il faut le dire, était dans un soir inspiré.

C’est ainsi que le contrebassiste a pris les commandes avec une longue introduction (3 ou 4 minutes) qui précédait l’interprétation de Sophisticated Lady, de Duke Ellington. Corea a ensuite mis en lumière son jeu délicat et fluide lors d’une composition de Bud Powell, l’une de ses influences. Très joli.

À ce petit jeu d’échanges réciproques, c’est Blade qui est resté sur les lignes de touche durant la première partie. Presque discret – une rareté dans son cas -, il a mis quelques éclats, ici et là, avec ses frappes nettes, mais rien pour prendre le plancher.

Ce fut peut-être le cas en deuxième partie, mais on avait les boys de Blue Note à aller voir.