FIJM 2016 (jour 2) : la performance selon Hiromi

Hiromi. Photo Muga Miyat

Hiromi. Photo courtoisie/Muga Miyaharatake

Un piano, une batterie, une basse. Ça pourrait ressembler à la configuration d’un trio classique de jazz, mais ce n’est pas le cas. La batterie, presque qu’aussi gigantesque que celle de Carl Palmer, trahit ses intentions. La basse, avec son fil blanc bien visible et ses six cordes, n’est pas certes pas commune. Et devant les ivoires du piano, il y a Hiromi.

Par Philippe Rezzonico

La Japonaise semble sortie d’un manga imprimé du pays du Soleil levant. Chevelure touffue et bien relevée, sourire de poupée de porcelaine, souliers spectaculaires… Mais tout ça, est trompeur. Dès qu’elle s’installe au piano, Hiromi Uehara devient une boule d’énergie incontrôlable.

Durant la bien nommée Spark qui ouvre le programme, son jeu syncopé alterne avec la basse vrombissante d’Anthony Jackson et la pétarade de Simon Phillips (le batteur de Toto). La pianiste trépigne et a du mal à demeurer en place. Elle martèle ses ivoires (elle pioche, oui!) et elle se dresse parfois pour jouer debout quelques instants. Cette première pièce est saluée par une ovation debout. Ça ressemble plus à une ambiance de show rock qu’à un trio de jazz.

Player, qui suit, va plus vite que la vitesse d’un TGV nippon. Cette fois, la fluidité de la pianiste n’a d’égal que le tempo frénétique de ses partenaires. Hiromi ponctue de grands gestes ses réponses aux élans de Phillips.

Il y a un réel aspect « performance » dans un concert d’Hiromi. La Japonaise aime indiscutablement entretenir le spectacle, mais elle sait tempérer ses ardeurs et ses climats. Take Me Away et ses variantes de rythmes se veulent une proposition sensible à nos sens. Et quand elle amorce Indulgence, tout en douceur, là, oui, on a vraiment l’impression qu’un trio de jazz de 1958 se trouve devant nous. Magnifique.