FrancoFolies 2012 : marées de monde, musique festive et casseroles

Une Place des festivals bondée en permanence chaque jour, en fin de soirée. Photo courtoisie FrancoFolies/Frédérique Ménard-Aubin.

Si un bilan de festival tient au pur plaisir procuré par son passage sur le site, les 24e FrancoFolies qui viennent de se conclure sont à ranger parmi les meilleures éditions de leur longue histoire.

Par Philippe Rezzonico

Non seulement ces Francos 2012 ont – enfin – profité d’un temps généralement exceptionnel depuis leur déménagement définitif en juin, mais c’était un charme de circuler sur le site tout neuf du Quartier des spectacles, maintenant que toute la zone de l’esplanade de la PdA est rénovée. Ajoutez à cela des rassemblements monstres sur la Place des festivals et le tour était joué.

Les retrouvailles de Groovy Aardvark pour leur 25e anniversaire, le party pour les dix ans de Kaïn, la soirée de Charlebois, le party de Plume et le spectacle politico-manifestif de Loco Locass ont fait déborder le site de la rue Jeanne-Mance dès 21 heures.

Plume et ses mauvais compagnons. Plaisir coupable. Photo courtoisie FrancoFolies/Jean-François Leblanc.

Moins vrai pour les spectacles présentés sur le même site à 19h, à l’exception de Lisa LeBlanc. Elle est d’ailleurs très, très grande cette même Place des festivals quand il n’y a que deux ou trois mille personnes présentes, mais il est nécessaire de permettre à des Chinatown, Amylie, Brigitte et autres Jali de se produire face à un public plus large.

Comme d’habitude, le pub situé en face de L’Astral débordait chaque soir (David Jalbert, Antoine Gratton, Kevin Parent), ce qui est normal quand tu présentes des artistes cinq ou dix fois plus gros que la « salle ». Particulièrement aimé la scène Nouvelle chanson où les Grenadine, Porcelaine et autres Thierry Bruyère disposaient d’un environnement idéal.

Moins vrai pour la scène multiculturelle, éloignée de toutes les autres et un peu perdue à l’intersection Clark et De Montigny, dans la seule zone où il reste encore des travaux à faire.

Bénabar au Métropolis. Une première à Montréal. Photo courtoisie FrancoFolies/Victor Diaz Lamich.

En salle, la qualité des spectacles était impressionnante, même si le Métropolis a semblé bien grand certains soirs pour divers artistes. Pas sûr que l’on ne se dirige pas vers une crise du spectacle au Québec sous peu. En revanche, rayon programmation, l’équilibre entre valeurs sûres, découvertes et propositions osées étaient atteint.

Bref, tableau d’honneur, tiré de plus de 40 spectacles vus au cours de la dizaine.

Le spectacle coup de coeur : Marie-Pierre Arthur. Intouchable. Incendie total dès qu’elle a mis les pieds sur la scène du Club Soda. Un brûlot dont on se souviendra longtemps « Oh Yeah ! », comme elle criait.

Marie-Pierre Arthur: en feu. Photo courtoisie FrancoFolies/Jean-François Leblanc.

La demi-douzaine de spectacles mémorables en salle : Catherine Major, Bénabar, Ariane Moffatt, Cœur de pirate, Philippe B et le Quatuor Molinari, ainsi que Julien Clerc symphonique.

Le trio de charme en acoustique : Chercher Noise (Domlebo), GiedRé et Marc Déry solo.

La demi-douzaine de spectacles mémorables à l’extérieur : Groovy Aardvark, Plume, Loco Locass, Lisa LeBlanc, Dionysos, Galaxie et Les Dales Hawerchuk.

Le moment de folie pure : Mathias, de Dionysos, surfant sur la foule sur plus de 100 mètres avant d’être porté par elle, comme s’il marchait sur les eaux.

Mathias Mélzeau, de Dionysos, porté par la foule. Photo courtoisie FrancoFolies/Victor Diaz-Lamich.

La révélation : GiedRé et ses chansons érotiques pas mal plus salées que celle de Pierre Perret.

GiedRé: méchant extraterrestre. Photo courtoisie FrancoFolies/Frédérique Ménard-Aubin.

Le moment surréaliste à l’extérieur : la manifestation des « tous nus » qui scinde la foule lors de la prestation de Daran avec une vingtaine de policiers soudainement bien petits dans cette mer de carré rouges.

Le moment surréaliste en salle : Les trois dames trop exubérantes qui se font expulser du spectacle de Julien Clerc.

L’instrument le plus vu sur le site : la casserole.

L’emblème décoratif : le carré rouge.

Le meilleur « accessoire » de scène : le Stormtrooper de Stars Wars avec Les Dales Hawerchuck.

On a pas aimé : la voix d’Hughes Aufray, la sélection de chansons de Thomas Fersen et l’épouvantable prestation de 12 singes.

On trouve : que le buzz entourant Eiffel et 1995 est en peu exagéré, mais ils méritent une deuxième chance dans des meilleures conditions d’écoute que des spectacles extérieurs.

On a évité : le comptoir à gaufres avec succès, mais pas celui des frites…

La meilleure réplique de la semaine : «  J’avais déjà mes billets pour Julien Clerc.» – Amélie Veille, qui a été appelée à trois jours d’avis d’assurer la première partie de… Julien Clerc.