FrancoFolies 2016 : Rockollection nostalgique

Laurent Voulzy et Alain Souchon. L'un ne va pas sans l'autre. Photo courtoisie FF/Benoit Rousseau

Laurent Voulzy et Alain Souchon. L’un ne va pas sans l’autre. Photo courtoisie FF/Benoit Rousseau

Alain Souchon et Laurent Voulzy. Laurent Voulzy et Alain Souchon. Du pareil au même. Deux noms indissociables qui partagent 40 ans d’amitié et de complicité artistique. Bonne idée des FrancoFolies et les inviter afin de présenter la tournée liée à leur album éponyme paru l’an dernier.

Par Philippe Rezzonico

Sur papier, l’intention était similaire à celle des tournées communes d’Elton John et de Billy Joel ou de Sting et Paul Simon qui sont passées sur nos terres au cours des ans.

Mais comme le lien entre les deux artistes francophone est viscéral jusque dans l’écriture, les spectateurs présents à la salle Wilfrid-Pelletier ont été conviés à un partage peu commun, plutôt qu’à deux grands blocs de chansons interprétées uniquement par l’un l’autre.

D’entrée de jeu, devant le grand rideau rouge, Souchon, Voulzy et sa guitare ont donné le ton : celui du partage, avec J’ai dix ans, un tube du grand Alain qui fut la première chanson créée conjointement par les deux hommes, en 1974.

Réciprocité immédiate dès que les cinq musiciens se joignent à eux pour Bubble Star, un succès de Voulzy. On comprend rapidement le principe. Les chansons sont interprétées le plus souvent ensemble, en alternance ou à l’unisson. Tantôt, seuls les refrains sont communs. Parfois, on se relance à même les couplets. Mais à l’exception d’une poignée de chansons, rares sont les instants où l’un était présent sans l’autre.

Ce parti-pris a mené à des instants magnifiques. Durant Jamais content, Souchon, 72 ans, le séducteur aussi mince qu’il y a quatre ou cinq décennies, se la jouait à la Mick Jagger à côté de Voulzy, 67 ans, et de sa guitare électrique rouge, qui avait quand même plus d’affinité avec George Harrison que Keith Richards… Et les deux compères ont lâché leur fou lors de Poulailler Song, cette chanson dont les paroles qui égratignent sont aussi pertinentes en 2016 qu’en 1977.

Et les Beatles chantaient... Photo courtoisie FF/Benoit Rousseau

Et les Beatles chantaient… Photo courtoisie FF/Benoit Rousseau

C’est indiscutablement le doublé acoustique formé du Rêve du pêcheur et de Somerset Maugham qui a donné lieu au maximum d’interaction entre les deux hommes qui avaient fait tomber la veste. La deuxième chanson a même en droit à la genèse de sa création, quelque part dans un appartement prêté à Antibes dont le balcon ne donnait pas sur la mer, mais… sur un mur. J’en aurai pris quelques autres, des mises en bouche de ce calibre.

Qui dit partage, dit égalité. Pourtant, à ce petit jeu, Souchon a quelque peu été le perdant (façon de parler), dans la mesure qu’il a probablement plus de chansons essentielles dans son immense répertoire que Voulzy, même si ce dernier a peut-être plus de bombes radiophoniques à son actif.

Je doute que quiconque présent à Wilfrid-Pelletier n’ait pas eu l’impression d’entendre tout ce qu’il souhaitait entendre de Voulzy qui a offert Caché derrière, Bubble Star, Le cœur grenadine (la voix ne suit plus pour celle-là), Le soleil donne, Le pouvoir des fleurs (excitante), l’incontournable Rockollection avec des portions étirées de Gloria et de (I Can’t Get No) Satisfaction, et la sublime Belle-Île-en-mer Marie-Galante, chantée en duo avec Souchon pour clore le spectacle.

En revanche, si Souchon nous a séduit avec la magnifique Et si en plus y’a personne, la puissante Le Bagad de Lann Bihoué, l’excellente Ballade de Jim et la fabuleuse Foule sentimentale, on se disait que nous étions peut-être déficitaires de quelques titres comme L’amour à la machine, Bidon et Allo Maman Bobo. D’autant plus que les deux dernières ont été interprétées maintes fois lors de la tournée européenne. Mais bon…

J’aurais pris quelques nouvelles chansons de plus, aussi, à l’écoute de Derrière les mots, un nouveau titre qui résume parfaitement les deux hommes en une chanson. Mais il ne faut pas être trop gourmand. Et vue la forme affichée des vieux potes, il faudrait peut-être nous les ramener rapidement avec leurs spectacles individuels.