Fred Pellerin: sans peine et plein de lumière

Fred Pellerin: des mots poétiques et plein d'espoir. Photo d'archives. Courtoisie Rogerio Barbosa.

La fin du monde n’est pas imminente. Prévisible? Peut-être. Mais certainement pas irréversible, car l’espoir viendra toujours à bout de l’orgueil et de l’argent. Chose certaine, dans cette rédemption, les mots de Fred Pellerin y seront aussi pour beaucoup, comme on a pu le constater cette semaine à travers les contes et chansons de son nouveau spectacle De peigne et de misère présenté en première au Théâtre Outremont.

Par Pascale Lévesque

Visiblement, le conteur de Sainte-Élie-de-Caxton a été inspiré par les derniers mois pour pondre ce spectacle, particulièrement par le « 22 avril », lors du rassemblement pour la Terre dans lequel il était fortement impliqué. Ce sont les mêmes valeurs de partage, d’entraide, d’humanité et de communauté qui sont les pierres angulaires de son récit. Récit qui dure près de trois heures, mais qui, précisons, ne paraît être qu’une poussière de temps.

En fait, c’est comme si ses personnages avaient pris le contrôle de l’horloge… Tiens, tiens, diront ceux qui ont eu la chance d’assister à la représentation. Pour les autres, imaginez la naissance du monde qu’une grand-mère raconte à un garçon échevelé à travers les histoires du village.

« On est au temps zéro, avec un pas par en arrière », précise Pellerin.

Imaginez qu’au centre de ce conte se trouve Méo, le barbier, décoiffeur plus que coiffeur, dont le salon est à l’évidence le centre névralgique de la « placote » du village. Un homme qui, par ses fonctions, a du « prêter le serment d’hypocrite ».

C’est de là que naitront cinq histoires, toutes reliées, et dans lesquelles Pellerin sème des pistes à tout vent qui seront merveilleusement bouclées dans une grande finale où il reviendra à Méo de sauver le monde.

L’univers Pellerin

De Solange, la jeune sœur suceuse de peppermint, à Bernard, le chien du curé, en passant par Toussain, le vendeur de bière, Lurette atteinte de « boisdormine » et l’apocalypse annoncée par les abeilles qui ne se parlent plus, on a envie de dire que « drôle, sensible, imaginatif et brillant » qualifient à merveille De peigne et de misère.

Pellerin a l’art de lancer des prémisses qui nous amènent complètement ailleurs qu’annoncé. Comment les pleurs de la belle Lurette qui attend son amour parti à la guerre mènent-elles au cruchon rempli de cennes de son père forgeron qui en viendra à contrôler le temps? Comment a-t-il fait pour en arriver là? Se demande-t-on continuellement, fasciné par ses entourloupettes.

Reste que ce qui fait qu’on puisse surtout coller le mot irrésistible à de De peigne et de misère, c’est le fait qu’il permette au public d’écouter quelqu’un qui a des choses à dire, qui prêche sans jamais faire la morale et qui appelle à la solidarité à travers des histoires aussi abracadabrantes qu’insolites.

Au bout du tunnel

« L’humanité qui se tiendra debout dans la lumière », n’est pas seulement qu’une phrase citée sur scène par le petit échevelé de Sainte-Élie-de-Caxton.

On comprend que cette lumière, il la voit et elle lui sert à montrer aux hommes et aux femmes que les peuples ne sont pas des marchés, que les paysages ne se comptent pas en minerai, et surtout, que la carte du monde ne se tient pas dans un tableau Excel.

Il y a les comptes et il y a les contes. Et dans l’univers de Fred Pellerin, le salut passe par la seconde catégorie.

De peigne et de misère, un conte rassembleur de Fred Pellerin qui prend la route pour trois ans. Supplémentaires les 18, 19 et 20 octobre au théâtre Maisonneuve et partout en province.