Intemporels Junkies musicaux

Margo, Michael, Peter Timmins et Alan Anton seront à la salle André-Mathieu de Laval le 1er novembre. Photo courtoisie.

Les Cowboy Junkies existent depuis plus de 25 ans. Leur parcours, comme tant de groupes canadiens, a bifurqué selon les succès populaires et critiques, les sommets et les creux.  À une époque, le groupe de Margo et Michael Timmins vendait des disques par milliers. Depuis environ une décennie, le band s’est adapté au web et demeure l’un des beaux succès underground de la scène musicale.

Par Philippe Rezzonico

Les frères et sœur Margo, Michael et Peter Timmins ainsi que leur ami d’enfance Alan Anton seront à la salle André-Mathieu de Laval, jeudi soir, pour leur seul spectacle au Québec en 2012.

Si vous allez sur le site des Cowboy Junkies, vous allez réaliser à quel point ses membres ont été proactifs depuis 2010. Pas moins de quatre disques complets ont vu le jour : Renmin Park (2010), Demons et Sing In My Meadow (2011), ainsi que The Wilderness (2012), sans compter les mini-albums et les chansons exclusives offertes en supplément.

Les quatre disques font partie d’un projet commun nommé The Nomad Series, titre de leur actuelle tournée. Chaque disque possède une thématique particulière.

Univers définis

Renmin Park est inspiré d’un voyage de la famille de Michael Timmins en Chine; Demons est une collection de titres composés par le regretté Vic Chesnutt; Sing In My Meadow se veut un disque de nouvelles chansons originales plutôt sombres et The Wilderness est placide et atmosphérique, tout à la fois.

Quatre disques en 18 mois. Même selon les standards du web – qui ne sont pas ceux de l’industrie du passé – , c’est hors du commun.

« Nous nous tenons très occupés et nous en sommes satisfaits », confirme Alan Anton, le pote de Michael Timmins au sein des premiers groupes communs des deux hommes, bien avant la naissance des Cowboy Junkies.

« Nous n’aurions jamais pu créer tant de musique, qui plus est, de la diffuser, dans le temps que nous étions sous contrat avec des compagnies de disque, poursuit Anton. La liberté artistique que nous avons-nous incite à repousser nos limites créatrices. »

– Le web est-il la résultante de cette phase créatrice ou est-ce le contraire?

« Quand nous avons pris le contrôle de notre site web durant les années 2000, nous avons réalisé que nous avions un incitatif à être plus « business », rigole Anton. À savoir, créer la musique, mais aussi la diffuser nous-mêmes avec les nouveaux moyens technologiques disponibles.

« Les choses étaient très différentes dans le temps, au début des années 1990, par exemple. La pénétration des extraits à la radio offrait aux artistes une plateforme idéale pour les albums et les tournées à venir, ce qui n’est plus le cas depuis une bonne dizaine d’années.

« Pour un groupe comme le nôtre qui a un solide catalogue derrière lui, le web aura été une façon idéale d’établir une relation entre plus solide avec nos fans. Auparavant, on saluait les fans après un spectacle. C’était tout. De nos jours, on rencontre après des prestations des gens avec lesquels nous avons échangé des courriels dans la semaine précédente.»

« D’une certaine façon, le web a permis au groupe de mieux articuler certains projets musicaux comme le projet Nomad. Mais à l’opposé, nous n’avons pas perdu notre étincelle créatrice, ce qui arrive parfois quand un groupe a un parcours aussi long que le nôtre. »

De Montréal

Ce parcours, il a commencé à Montréal, où sont nés les trois Timmins et Anton. Et il se poursuit encore, 50 ans plus tard, ce qui est proprement fascinant quand on pense que la durée moyenne de n’importe quel groupe pop ou rock dépasse rarement les dix ans.

« Michael et moi, nous nous sommes connus à la garderie et nous avons grandi dans les environs de la rue Mont-Royal, se souvient Anton. Ça explique probablement la longévité du groupe. Il y a bien eu quelques divergences d’opinion, ici et là, mais nous sommes vraiment une famille, ce qui n’est pas un cliché ici. »

Il a coulé de l’eau sous les ponts depuis The Trinity Session (1988) et la reprise de Sweet Jane. Comment on départage tout ça lors d’un spectacle unique comme celui de jeudi soir à Laval?

« On fait ce qu’on fait depuis quelques années, précise Anton. On fait une première partie avec le matériel récent et une seconde durant laquelle on joue les vieilles chansons que tout le monde veut entendre et qu’on aime encore jouer. »