Le concert du 12.12.12 : un auditoire potentiel de 2 milliards de personnes

NEW YORK – Durant les 26 minutes nécessaires pour parcourir la distance entre l’aéroport LaGuardia et l’hôtel dans le Upper West Side, l’ouragan Sandy a été évoqué trois fois, mardi, sur les ondes de la station de radio écoutée par mon chauffeur de taxi.

Par Philippe Rezzonico

Un reportage portant sur un rapport dévoilé à Long Island qui faisait état des erreurs des secouristes lorsque l’ouragan a touché terre, une publicité avec musique tonitruante qui annonçait le spectacle caritatif qui aura lieu mercredi soir au Madison Square Garden et une intervention de l’animatrice pour préciser que c’est Bruce Springsteen qui va amorcer cette soirée qui va passer à l’histoire.

Disons que l’ouragan Sandy est l’un des principaux sujets de conversation dans cette ville qui n’en manque pourtant pas. Ça ne sera certes pas la première fois que des artistes apportent leur contribution à une cause caritative visant à amasser des fonds, mais celle-là va faire l’histoire.

Certes, en volume, il y aura moins d’artistes que pour le Live Aid de 1985 qui avait été présenté à Londres et Philadelphie, mais rayon notoriété, la brochette est l’une des plus impressionnantes de tous les temps. Mesurez un peu…

Paul McCartney (The Beatles, Wings), The Rolling Stones, The Who, Eric Clapton (Yardbirds, Blind Faith, Cream), Roger Waters (Pink Floyd), Bruce Springsteen and the E Street Band, Billy Joel, Bon Jovi, Eddie Vedder (Pearl Jam), Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters), Chris Martin (Coldplay), Kanye West et Alicia Keys.

En 2001, pour The Concert for New York City, McCartney et The Who étaient là, mais seulement Mick Jagger et Keith Richards, alors que Springsteen n’y était pas. Il avait participé au show télé, mais pas à celui du MSG.

Sauf erreur, la dernière fois que les Stones au complet, The Who, Eric Clapton et un Beatle (en l’occurrence, John Lennon) ont été sur la même scène, c’est à l’enregistrement du Rock n’ Roll Circus des Rolling Stones pour la BBC… le 11 décembre 1968, il y a 44 ans.

Au plan musical, on se met à rêver. Les Stones vont-ils chanter I Wanna Be Your Man des Beatles – qu’ils ont ressortie pour leur actuelle tournée du 50e – avec McCartney? Steven Van Zandt va-t-il venir jouer de la guitare sur (I Can’t Get No) Satisfaction avec Keith Richards? Bon Jovi va se payer Born to Run avec le Boss dans un duo de bands du New Jersey? Mystère et fébrilité.

Outre les performances, des artistes et personnalités telles Susan Sarandon, Steve Buscemi, ­Leonardo DiCaprio, Adam Sandler, Kristen ­Stewart, Quentin Tarantino, Jessica Chastain, Naomi ­Campbell, Jamie Foxx, James Gandolfini, Whoopi Goldberg, Katie Holmes, Blake ­Lively et Ben Stiller seront présents comme maîtres de cérémonie. Nous les verrons vraisemblablement entre les segments musicaux, quand les techniciens auront à modifier la scène entre la performance de certains groupes.

L’ouragan Sandy a fait plus de 130 morts aux États-Unis seulement, sans compter ceux dans les Antilles. On estime les dommages à plus de 50 milliards de dollars.

Les internautes désireux de faire un don pourront le faire par le biais du site Robin Hood Relief Fund.

Depuis les premiers grands événements de solidarité d’artistes musicaux, les choses ont bien changé, même en regard des spectacles bénéfices dans la foulée des attentats de septembre 2001.

Auditoire universel

En tenant compte des postes de radios, des réseaux de télévision câblés, des sites web et des médias sociaux qui offriront une diffusion complète ou partielle, Clear Channel Media and Entertainement – qui met sur pied l’événement – estime que quelque 2 milliards d’auditeurs, de téléspectateurs et d’internautes dans plus d’une centaine de pays pourront vivre l’événement en direct.

Pas moins de 30 sites web vont diffuser le spectacle, dont YouTube, MTV.Com, MySpace et MusiquePlus au Québec. Dans les états de New York, du New Jersey et du Connecticut, le spectacle sera retransmis dans des salles de cinéma.

La mise en vente

Évidemment, ce qui est le mieux, c’est d’être sur place, même si ce n’est pas donné. Les billets mis en vente pour ce spectacle lundi dernier (3 décembre) allaient de 150 $, 250 $, 500 $, 750 $ et jusqu’à 2500 $ pièce. En fin de journée, presque tous les médias rapportaient que tous les billets s’étaient écoulés en quelques minutes. Archi-faux.

Au contraire, plus de quatre heures après la prévente de 9 heures du matin du commanditaire principal (la banque Chase) et plus d’une heure après la vente courante de Ticketmaster (à midi), il restait des billets à 2500 $, 750 $ et 500 $ Pourquoi? Parce que la prévente a déraillé quand le système a surchauffé. Bref, tout le monde a cru bien légitimement qu’il ne restait plus de billets.

À 13h20, j’ai pu mettre la main sur un excellent billet dans la section 120. Oui, j’ai payé mon billet. Comme tous les journalistes montréalais l’ont fait en octobre dernier au Métropolis pour le spectacle-bénéfice de Denis Blanchette.

Tous les journalistes devraient toujours payer lors d’un spectacle-bénéfice, même quand nous faisons notre travail. Ou bien les organismes de presse qui les emploient devraient le faire.

En revanche, ce qui est déplorable, c’est de voir les prix demandés sur des réseaux de revente de seconde main. Il y a des gens pour qui les mots charité et compassion ne veulent rien dire.

Cela dit, plus que quelques heures avant cet historique rendez-vous. Le plus grand spectacle du nouveau siècle? On le saura ce soir. Mais le plus grand événement médiatique du genre: aucun doute là-dessus.