Les Callas: l’insaisissable Pierre

Pierre Lapointe n’est jamais là où on l’attend, même si l’on sait depuis des années qu’il est toujours en aval de ses propositions de disques ou de spectacles. Cette fois, le mini-disque Les Callas voit le jour alors que la tournée de l’album Punkt est toujours à l’agenda.

Par Philippe Rezzonico

En fait, on dit « mini » en raison de la durée (24 minutes) de l’ensemble et du fait que Lapointe a gravé certaines chansons dans des conditions d’enregistrement minimalistes en regard de ses habitudes.

Majoritairement décliné en mode piano-voix, Les Callas rappelle Pierre Lapointe seul au piano, rayon textures et ambiance, quoiqu’il ne provoque pas le même effet.

Les chansons ont beau être dépouillées au point d’être nues, elles nous sont toutes inconnues, sauf Les enfants du diable, qui était déjà sur Punkt, mais qui étonne ici en mouture guitare-voix, ainsi que Les désordres du cœur. Du moins, si vous êtes familiers avec le répertoire de Joe Bocan dans ce deuxième cas.

Les Callas propose un duo charmant et diablement réussi, celui de Lapointe et d’Ariane Moffatt, enregistré dans un parc, avec pour seul accompagnement la guitare de Philippe B. La portion de la chanson où l’ami Pierre et Ariane chantent ensemble est d’une qualité harmonique sans faille.

Bien mieux, nous n’avons pas l’impression que Les Callas est une suite à Punkt, comme l’étaient les albums Pierre Lapointe 2 X 2, en regard de La forêt des mal-aimés; ou Les vertiges d’en haut, dont les compositions étaient pour la plupart des chansons non retenues pour Sentiments humains.

Les Callas n’obtiendra peut-être jamais le statut de disque majeur dans la discographie de Lapointe en raison du manque d’unité de l’album et de l’absence de réelle production, mais ces chansons qui parlent de désir, de rupture, de souffrance, de sexe et de romantisme ne sont pas moins intéressantes que celles qui ont droit à un carcan officiel.

Pierre Lapointe, Les Callas (Audiogramme). Trois étoiles