La rue. C’est de là que tout part. La vie. Les tendances. Les courants sociaux. Les manifs, aussi… C’est donc normal de voir tous les ans que tout ce qui est né de ce bouillon de culture urbain et rural y retourne par l’entremise des spectacles extérieurs gratuits des FrancoFolies de Montréal.
Par Philippe Rezzonico
Et la rue, elle aura droit à bien des couleurs musicales du 7 au 16 juin. Pierre Lapointe avec Daran, Dionysos – ça, ça brasse dans la rue – et Les Revenants, pour ouvrir les 24e Francos le 7 juin. Peut-on être plus heureux d’être dans la rue quand tu sais que Groovy Aardvark va y retourner? Je me souviens encore comment le groupe avait brûlé l’asphalte la dernière fois qu’il avait mis le feu aux FrancoFolies, il y a de ça longtemps.
La rue, c’est aussi celle des vétérans qui ont tout vu, tout connu. Si vous n’avez pas vu en salle le spectacle célébrant les 30 ans de Mauvais compagnons avec Plume, ne ratez pas ça. C’est un pan complet de l’histoire de la rue et de la musique qui va défiler sous vos yeux. Ça sera tout aussi vrai avec Robert Charlebois.
La rue, ça peut être aussi celle d’ailleurs. De la France, avec Urban Bratsch et Le Collectif Métissé. Rue de toutes les couleurs, disait-on.
Rue de métissage et de genres, aussi, avec Diane Tell, Anodajay, Marie-Pierre Arthur, Olaf Hund et Serge Fortin. Rue plus large, moins urbaine, mais pas moins rassembleuse avec Kaïn qui célèbre ses dix ans en compagnie de Marc Déry, Bourbon Gauthier et Sébastien Plante.
Rue sombre, ensuite, avec Malajube, qui va avoir toute la place voulue pour diffuser ses milliers de décibels. Et aussi, une rue digne des manifestes – c’est le mot – avec Loco Locass qui va monter sur scène trois jours après le lancement de son nouveau disque Le Québec est mort – Vive le Québec !
Il fallait les voir, mardi, dans le Métropolis où se tenait le point de presse, avec Chafik qui tenait son grand drapeau du Québec sur lequel était collé un gigantesque carré rouge. Pas d’ambiguïté.
«On s’offre une prestation intime», rigole-t-il, quand le journaliste fait remarquer au trio qu’on voit rarement un groupe affronter une si grosse foule avec de toutes nouvelles compositions. «C’est un show à risque.»
«Hier, les textes défilaient dans notre tête à toute allure», renchérit Biz, faisant allusion à la prestation offerte par le trio, lundi, lors des manifestations prévues pour la journée des Patriotes.
«On appréhendait ces retrouvailles avec le public, mais la journée des Patriotes nous a servi de stimuli», ajoute Chafik.
Et il n’y aura aucune autre performance avant le spectacle prévu le 15 juin sur la Place des festivals pour peaufiner le tout.
«Pas de shows. Juste de la promo et des manifestations», lance Biz, faisant référence cette fois à celle qui allait se mettre en branle dans les rues de Montréal et attirer entre 100 000 et 200 000 personnes.
Oui, les Loco vont chanter Libérez-nous des libéraux le 15 juin. N’en doutez pas une seconde. Après tout, ils le font depuis bientôt une décennie…
«On chante ça dans un esprit festif », assure Biz.
«C’est quand même une coïncidence géniale, note Batlam. La présence de Loco Locass dans la rue dans ce contexte social.»
« Nous, on appelle le Québec à se réveiller », ajoute Biz.
Pour Batlam : « Ce qui nous a tenu ensemble toutes ces années, c’est… »
« Jean Charest ! », interrompt Chafik.
Après le fou rire collectif, Batlam précise très sérieusement que le nouvel album est «le plus politique qu’on a jamais fait. Mais on a commencé à composer bien avant le conflit étudiant.»
Le rue sera donc politique, aussi.
Et de toutes les tendances musicales avec la présence de Gazoline, Samian, Catherine Durand, Allexandre Bélliard, Éric Goulet, Canailles, Lucien Francoeur, Les Dales Hawerchuck, Grenadine, Les sœurs Boulay, Mathieu Lippé, Lisa LeBlanc, Chinatown, Kevin Parent, Antoine Gratton, Laurence Jalbert, Éli et Papillon, Brigitte, Eiffel…
Il y en a plus de 150 au total consultez le programme officiel.