Madame et messieurs, les Hives !

Il y a tellement de groupes formés de poseurs dans l’industrie de la musique que ça fait du bien d’en voir un qui n’a pas oublié ce que doit être un show de Rock n’ Roll : une explosion sonore conjuguée à une énergie frénétique qui balaie tout sur son passage. L’ironie, avec The Hives, c’est que leur chanteur est le type le plus poseur qui soit.

Par Philippe Rezzonico

Mais si Howlin’ Pelle Almqvist parle, jase, harangue et parfois nargue la foule avec un sourire en coin aussi cajoleur que moqueur, il n’oublie jamais l’essentiel : faire sauter le plafond de la salle dans laquelle The Hives se trouve. Et c’est ce qu’il a fait lundi soir, au Métropolis.

Franchement, on ne pensait pas revoir le groupe suédois découvert au siècle dernier qui pouvait difficilement se renouveler après quelques disques où des titres à trois ou quatre accords et à trois ou quatre phrases composaient l’essentiel des albums.

Les chansons de Lex Hives (Les Hives, en français), sorti il y a quelques semaines, sont grosso modo identiques à celles parues sur The Black and White Album, Tyrannosaurus Hives ou Veni Vidi Vicious dans le passé: Almqvist qui hurle plus fort qu’une sirène, Nicholaus Arson qui hache les cordes de sa guitare et Chris Dangerous qui défonce ses peaux sans jamais cesser de faire tournoyer ses baguettes. Vous branchez les amplis à la puissance de 15 sur une échelle de 10 (volume assourdissant!) et vous avez une bonne idée de ce qu’on a pris dans la gueule.

Comme à l’opéra…ou presque

Non, peut-être pas… Ce n’est pas tous les jours qu’un groupe de rock de garage se pointe sur une scène alors que chaque membre est vêtu d’un costume queue de pie, d’un nœud papillon et porte un haut-de-forme, comme sur la pochette de leur disque.

Faut admettre que ça fait curieux de voir cinq musiciens fringués comme s’ils allaient assister à une soirée d’opéra de 1929 sauter et hurler comme des dingues. Et quand ça ne saute pas assez, Pelle s’arrange pour que la foule en donne encore plus en montant sur ses moniteurs, sur la grosse caisse de la batterie, ou en se baignant parmi les spectateurs massés auprès de la scène. Comme l’image du marionnettiste géant avec ses ficelles que l’on voyait au fond de la scène, Almqvist fait ce qu’il veut d’une foule.

Si Rufus Wainwright faisait du Rock n’ Roll, tiens, il serait Howlin’ Pelle Almqvist avec ses battements de bras amples, son air imbu de lui-même et son désir de plaire aux gens en parlant le plus possible en français.

Ça donnait des enchaînements marrants avec « Madame et Messieurs… » plutôt que « Mesdames », mais c’était tout à fait sympathique de voir un Suédois se fendre en quatre pour parler dans notre langue au lendemain de la Fête nationale. Cela dit, Pelle devrait parfois être plus concis. Il y a des introductions qui ont été plus longues que la chanson qui suivait…

Ce ne sont pas tous les chanteurs non plus qui arrivent à faire asseoir tout le parterre bondé du Métropolis lors de Tick Tick Boom. On avait vu le truc lors des autres passages de The Hives durant la première décennie des années 2000, mais quand même… Impressionnant.

En revanche, quand Almqvist est en mode garage/sauvage, le micro tournoyant nous rappelle plutôt Roger Daltrey, tout comme le riff de Walk Idiot Walk qui a une parenté avec Can’t Explain. Anciens et nouveaux titres ont fait bon ménage. Nos préférences à Main Offender, Patrolling Days et, bien sûr, Hate To Say I Told You, le classique des Hives, qui valait à lui seul le prix d’entrée.

Comme le dit Pelle à répétition durant le spectacle, The Hives est-il le meilleur groupe de Rock n’ Roll au monde? Non. Mais eux, ils n’ont pas oublié ce que l’appellation contrôlée veut dire.