Miley Cyrus a fumé un joint sur scène, dimanche, quand elle a reçu le prix pour le clip de l’année décerné par les MTV Europe Music Awards. Son geste a fait grand bruit. Les médias et réseaux sociaux de la planète ont parlé de controverse et de scandale.
Par Philippe Rezzonico
Cyrus, qui aura 21 ans le 23 novembre, n’est certes pas une sainte, comme elle s’efforce de la démontrer sans cesse depuis le printemps dernier. Controversé, son geste d’allumer un joint sur scène? Scandaleux? Relativisions.
La cérémonie se déroulait au Ziggo Dome, splendide nouvel amphithéâtre de spectacle de 17 000 places situé à quelques kilomètres du centre-ville d’Amsterdam. Très joli. J’y ai vu Madonna l’an dernier. Amsterdam, faut-il le noter, est une ville située dans un pays nommé Pays-Bas. Ce pays, comme le nôtre, a ses propres lois. L’une d’entre elle permet la consommation de drogues douces et même la vente de drogues.
Il y a un peu plus de 200 établissements nommés coffee shops dans la ville d’Amsterdam où l’on peut consommer. De nombreux étrangers fréquentent ces établissements, quoique certains d’entre eux sont interdits aux touristes. Des législations ont été modifiées en début d’année et il y a des variantes, ici et là. Cela dit, on note qu’il y a presque autant de coffee shops au pied carré à Amsterdam qu’il y a de pubs à Londres ou de librairies à Bruxelles. C’est vous dire.
Il est recommandé de consommer les drogues dans ces établissements tolérés par la loi (à défaut d’être réglementés), mais il n’est pas interdit d’en fumer à l’air libre, tant que cela n’indispose pas les personnes qui se trouvent dans les parages. J’ai constaté de visu : un couple qui s’échange un joint en face d’un pub, avec un policier qui se trouve à une vingtaine de pieds d’eux. Tolérance, il y a, de la part des forces de l’ordre locales.
Bien sûr, il est interdit de produire de la drogue, de la vendre ou de la transporter, mais il est possible d’avoir sur soi cinq grammes ou moins d’herbe ou de haschich en tout temps. C’est légal, à Amsterdam.
Remettons donc les choses en perspective : Miley Cyrus a fumé un joint dans un pays où elle avait droit de le faire en toute légalité.
Manque de jugement
Ou peut reprocher à la jeune Américaine son manque de jugement. Sans aucun doute. On peut noter que l’image qu’elle projette auprès des millions de jeunes filles qui l’ont aimé du temps de son personnage de Disney (Hannah Montana) est déplorable. Pas d’objection là-dessus.
On peut dire que son maillot blanc moulant était de très mauvais goût, quoique similaire à ceux portés par les travailleuses du sexe que l’on voit dans le Red Light d’Amsterdam. Nous sommes d’accord.
Mais geste controversé? Scandaleux? Même pas. C’était de la provocation volontaire, planifiée à l’avance, comme c’est le cas depuis qu’elle mousse son album Bangerz. Du show business version 21e siècle. Pour le reste, Cyrus a posé un geste banal dans une ville où elle pouvait le faire légalement. Si elle avait fait la même chose publiquement à New York ou à Los Angeles, ça serait une autre histoire.
L’affaire a secoué nos voisins du Sud. Pensez-y… Fumer un joint à une remise de prix télévisée. Remarquez, aux États-Unis, on censure un mot de quatre lettres à l’écran, mais on vend des armes en toute légalité au coin de la rue. À Amsterdam, le commerce du sexe, tout comme la consommation de drogues douces, est toléré. Autres pays, autres mœurs.
Et c’est ce que nombre de médias ont oublié de faire dans cette histoire: une mise en contexte. Ce qui est interdit chez nous ne l’est pas nécessairement ailleurs. Au Canada, il est vrai que nous n’avons pas de problème avec ça. Le maire de Toronto admet fumer du crack et sa cote de popularité est à la hausse.
En fait, le seul aspect illégal pour Miley Cyrus dans cette toute affaire, c’est qu’elle a fumé le joint à l’intérieur du Ziggo Dome, un édifice qui est soumis à une interdiction de fumer, comme tous les édifices publics d’Amsterdam.
Je présume qu’elle a les moyens de payer l’amende.