Oubliez le Gangnam Style et le Harlem Shake. Le vrai truc, c’est le Mojo de – M -.
Par Philippe Rezzonico
Matthieu Chédid, alias – M -, l’a démontré deux fois plutôt qu’une, jeudi, lors du premier de ses deux spectacles au Métropolis. Après deux heures et demie de performance, il est déhanché sur scène avec ses deux musiciens et deux autres potes pour nous offrir une chorégraphie de Mojo similaire au clip de la chanson.
Ce point d’exclamation était idéal pour conclure une prestation de près de deux heures et demie au terme de laquelle on a constaté que le Français avait encore la pêche sur scène.
Qu’il interprète les nouvelles chansons de son disque îl, ou qu’il puise dans son répertoire d’antan, Chédid a cette aisance à tout offrir avec la même énergie, ce qui n’est pas rien quand tu es sur un décalage horaire comme il l’était.
Avec le guitariste Brad Thomas Ackley armé de sa basstar (un croisement hybride entre une basse et une guitare) et le batteur Laurence Clais, – M – nous a offert une version plus Hendrixienne que Nirvanesque du power trio, en dépit d’une forte présence des claviers.
Présence dominante quand Chédid est venu livrer tout seul la séquence Ma mélodie/Qui de nous deux/La bonne étoile/La Seine dans ce qui se voulait le moment intime du spectacle.
Vieux matériel
Si on s’attendait à ce que presque tous les titres du nouvel opus soient au menu, la réelle surprise fut de voir à quel point – M – a tiré parti de sa configuration pour nous offrir des chansons de son tout premier disque de 1997.
Pensais pas (ré) entendre Le baptême (solide), Matchisdator (vibrante), Nostalgic du cool (avec deux enfants d’une dizaine d’années sur scène) et La rose pourpre du cœur (splendide), cette dernière dans le rappel acoustique, le même soir. Je me pensais revenu au Spectrum en l’an 2000…
Ce furent quand même les titres phares de l’album Je vous aime qui ont été interprétés spontanément par la foule de fidèles : Onde sensuelle, Je dis aime et l’incontournable Mama Sam. Cela dit, l’explication du « fsschhhttt!! » qui interrompt la liesse collective, ça commence à être futile, mon cher Matthieu.
Avec ses enchaînements rapides, ses coupures brusques et ses interventions fréquentes, Chédid maintient constamment son emprise sur le public. Il se déchaîne à la guitare sur la version «live» de Mojo (malade) et lors du Complexe du Corn Flakes (exceptionnelle) qui balaie tout sur son passage.
Le rodage
Mais comme il le dit lui-même, le spectacle de jeudi était seulement le troisième de cette tournée 2013. « Tout est frais ».
Et encore en rodage, avons-nous le goût d’ajouter… – M – avait beau y aller de sa fougue coutumière, on sent qu’il n’a pas encore trouvé toutes ses marques avec ses collègues.
Et puis, si tout le monde veut se procurer des lunettes lumineuses comme les siennes (épatantes!), j’admets que j’ai manqué les costumes flamboyants, la chevelure gominée à la Wolverine et les décors spectaculaires (la guitare gonflable géante).
Par ailleurs, c’est sympathique de voir les musiciens du Français reprendre sa Gimmick et Da Funk, de Daft Punk, mais il faut admettre que nous sommes à des années-lumière des explosions atomiques vécues au Spectrum en 2004 (avec Rachelle Jeanty) et au Métropolis en 2005 (avec Dumas) avec les «gimmicks» de M.
C’est normal, ces spectacles d’antan ont eu lieu alors que les tournées de Chédid étaient lancées à plein régime et non pas en début de parcours. Bref, ça va prendre du mieux et ce qui est déjà un excellent spectacle pourrait rapidement devenir une virée triomphale.
Tiens, peut-être pas plus tard que ce soir, lors du deuxième service.
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– M – , ce soir au Métropolis, lors du festival Montréal en lumière.