Montréal en lumière : Thomas Fersen, bon show, trop grande salle

Thomas Fersen au Métropolis. Photo courtoisie Montréal en lumière/Frédérique Ménard-Aubin.

David Marin, à L’Astral, Nicola Ciccone, à la salle Pierre-Mercure, Basia Bulat au Club Soda, Sylvie Paquette, au Lion d’Or… C’est la rançon des festivals de qualité. Certains soirs, tu voudrais pouvoir te téléporter d’une salle à l’autre tellement les affiches sont alléchantes. Mais ce n’est pas suffisant quand tous ces spectacles sont prévus à la même heure.

Par Philippe Rezzonico

Comme il faut trancher dans la vie, mon gagnant de jeudi soir au festival Montréal en lumière fut… Thomas Fersen, au Métropolis. Fersen qui célèbre ces jours-ci vingt années d’assiduité sur nos terres. Ce n’est pas rien. Et l’assiduité, c’est comme la fidélité. C’est donnant-donnant. Pas question de faire impasse, donc.

La motivation était double. Avouons-le, Thomas Fersen & The Ginger Accident, est le disque le plus réjouissant du Français depuis quelque temps. Et avec l’ami Thomas, un opus réjouissant se conjugue souvent par une soirée dansante en spectacle.

Mes concepts « d’assiduité » et de « soirée dansante » en ont pris un coup en entrant dans la salle. J’ai beau détester les configurations cabaret, en toute justice, n’eut été de la présence de tables et de chaises, le Métropolis aurait semblé désert. Il y avait… 1000 personnes, grosso modo. Dans une salle qui peut en accueillir plus du double, c’est mince.

Comme quoi, les assidus de jeudi, c’étaient ceux qui ont suivi l’ami Thomas au Club Soda, à la Tulipe et au Spectrum lors des 20 dernières années, des salles qui conviennent parfaitement à ses performances. La manne de fans qui avait « découvert » Fersen lors de son bain de foule sur la Place des festivals en 2010 et qui lui avait permis de remplir ce même Métropolis en 2012 n’aura pas suivi cette fois.

Quand à ma « soirée dansante », disons que j’étais abasourdi de voir le public sans aucune réaction – ou presque – avec la livraison du trio d’ouverture formé de nouvelles chansons (Mais oui mesdames, Viens mon Michel, La boxe à l’anglo-saxonne), parmi les plus réjouissantes de Thomas. Mais là, j’ai compris que le disque ne s’était rendu qu’à une poignée de fans quand Fersen a interprété La chauve-souris. En terrain connu, les réactions et les acclamations ont suivi illico.

À l’usure

Et parce que Fersen est Fersen, il a eu le public à l’usure. Son groupe de six musiciens aux chemises blanches, contrit et contenu au début, s’est de plus en plus engagé dans les rythmes trépidants. Et Thomas a ressorti ses amis Zaza et son Chat botté.

Et le groupe qui laisse la place à Fersen et au guitariste Pierre Sangra pour le doublé guitare-voix J’suis mort/Louise valait toute les pétardes de cuivres.

Et Thomas qui danse et qui se moque de notre accent quand on répond à ses histoires, qui nous livre des monologues que l’on écoute au point que plus rien ni personne ne semble respirer dans le Métropolis.

Thomas et ses chemises blanches. Photo courtoisie Montréal en lumière/Frédérique Ménard-Aubin.

Et le public, une partie du moins, qui refuse l’offre cabaret et qui remplit les flancs du parterre et puis tout le devant de la scène, comme il se doit, pour danser. Et la boule disco qui provoque l’effet escompté durant Joe-la-classe. Et Thomas qui parle de sexe (comme Pierre Lapointe, c’est tendance cette année…) avant de s’agenouiller au-devant de la scène afin de se faire embrasser pour la bien nommée Donne-moi un petit baiser.

Et Thomas qui nous offre Le balafré et Félix au piano. Et qui hurle « Oh ouuui!! » durant Chocolat, comme s’il s’agissait d’un cri de jouissance. Et, et, et…

Et vous avez compris. Le plaisir ne s’est pas démenti et à l’arrivée, Thomas a – encore – su s’imposer. N’empêche, l’explosion musicale espérée par le nouveau disque avec ce groupe de six musiciens doté de cuivres ne s’est jamais matérialisée et nous n’étions certes pas dans la bonne salle.