Star Trek Into Darkness: l’essence du passé, le succès au présent

Zachary Quinto et Christopher Pine reprennent les rôles de Spock et de Kirk dans Star Trek Into Darkness. Photo de production Paramount.

Depuis le temps que l’on adapte des séries télévisées au grand écran, certaines ont connu plus de succès que d’autre. Mais aucune n’a encore elle n’a vu sa deuxième mouture cinématographique obtenir autant de succès que Star Trek, dont le plus récent volet, Star Trek Into Darkness, se révèle comme étant l’un des meilleurs crus, toutes générations confondues.

Par Philippe Rezzonico

Depuis 2009, J.J.Abrams a su être fidèle à l’essence de la série  télé originale (1966-1969) tout en assurant avec panache la transposition au grand écran, encore mieux qu’avec les films de Star Trek (1 à 6) parus entre 1979 et 1991.

Il est vrai qu’Abrams dispose aujourd’hui d’une technologie que ces prédécesseurs n’avaient pas. La séquence d’ouverture n’aurait pu être réalisée avec un tel faste il y a dix ans.

Mais le concepteur de cette relance (reboot) a su maintenir les codes et l’essence des personnages, tout en modifiant juste ce qu’il faut pour intéresser un public qui n’était certes pas celui de 1966.

Valeurs morales

Il est presque impossible de résumer l’intrigue de Into Darkness sans dévoiler tous les rebondissements qui en font son charme. Faisons court. Capitaine de l’USS Enterprise depuis la fin de Star Trek (2009), James T. Kirk (Christopher Pine) salope royalement une mission en faisant ce qu’il croit juste au détriment de ce qu’il a le droit de faire. Cette prémisse existait déjà dans la série télé.

Il perdra – temporairement – son commandement, sera séparé de Spock (Zachary Quinto) et il se lancera à la poursuite d’un certain John Harrison (formidable Benedict Cumberbatch de la série britannique Sherlock) qui aura décimé une bonne partie de l’état-major de la Starfleet. À son bord, presque tout l’équipage habituel de l’Enterprise, sauf Scotty (Simon Pegg), qui a démissionné. Et avec l’ajout de la scientifique Carol Markus (Alice Eve) qui n’est pas étrangère aux Trekkies.

Spock (Quinto), John Harrison (Benedict Cumberbatch) et Kirk (Pine): un face à face épique. Photo de production Paramount.

Le reste, c’est à l’écran qu’il faut le découvrir. Abrams et son équipe ont concocté un film ultra-référencé, tant en regard de la série originale que des films précédents, qui va faire saliver plus d’un fan de longue date sans jamais mettre de côté le cinéphile qui vient voir avant tout un excellent film de science-fiction. Qui plus est, le scénario qui semble presque banal – une simple chasse à l’homme, dixit l’amiral Markus – est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait.

Le charme depuis deux films, à mes yeux, et de voir cet équipage de l’Entreprise à ses débuts. Si c’était obligatoirement le cas pour Star Trek où l’équipage fait connaissance, ce sentiment perdure dans Into Darkness. Un peu, il est vrai, à cause de l’âge des acteurs. On l’oublie, mais William Shatner (Kirk) et Leonard Nimoy (Spock) avaient 35 ans en 1966. James Doohan (Scotty) et Deforest Kelly (McKoy) en avaient 46. Il n’y avait que George Takei (Sulu) qui était dans la fin vingtaine quand la série de Gene Roddenbery est née.

Réelle fraîcheur

En 2009, Pine avait 29 ans et tout l’équipage était dans la trentaine, sauf Pegg, qui venait tout juste d’avoir 40 ans. Il y a dans cette relance une réelle fraîcheur qui dépasse la notion d’effets spéciaux. Mais j’avais vu juste pour la notion de prequel, toujours présente. Les cinq dernières minutes le confirment dans une séquence – apparemment banale et convenue – qui va néanmoins donner des frissons à tous les baby-boomers.

Abrams réussi aussi à faire passer le courant entre les personnages dans des registres similaires ou différents de ceux du passé. À cet égard, les nouveaux Kirk, Sulu (John Cho), McCoy (Karl Urban) et Chekov (Anton Yelchin) sont très proches des modèles d’antan, ce qui n’est moins vrai pour Spock, Uhara (Zoe Saldana) et Scotty. Cela dit, les explications «logiques» de Spock ne sont pas moins bonnes que dans le temps et McCoy a, encore et toujours, les meilleures répliques.

La liaison amoureuse entre Spock (Quinto) et Uhara (Zoe Saldana) mène à des échanges inédits dans Star Trek. Photo de production Paramount.

Quand on ressort de Stark Into Darkness, on a quand même une petite appréhension, maintenant que l’on sait que Abrams va s’attaquer à la relance de Star Wars… qui en a bien besoin. La franchise de Star Trek perdra-t-elle de son lustre maintenant qu’elle se dirige vers de nouveaux mondes étranges?

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Star Trek Into Darkness, de J.J. Abrams, avec Christopher Pine, Zachary Quinto, Benedict Cumberbatch et Zoe Saldana. Présentement à l’affiche.

4 étoiles