
Catherine Major: deux soirs de première et un supplémentaire à venir cet été. Photo Courtoisie Montréal en lumière/Victor Diaz-Lamich.
L’an dernier, je notais au terme de la 12e édition de Montréal en lumière que la quête identitaire du volet musical du festival était terminée après une longue période de montagnes russes. Au terme de la 13e présentation qui s’est conclue ce week-end, force est d’admettre que MEL a consolidé sa position en vue des années à venir par la présentation de premières.
Par Philippe Rezzonico
Des premières, il y en a dans tous les festivals, MEL inclus. Mais pas comme cette année. Coeur de pirate, Catherine Major, Diane Tell, Antoine Gratton, France D’Amour, Marie Denie Pelletier, Brigitte Boisjoli et Arthur H ont tous fait leur rentrée montréalaise. Certains, le même soir. Et on ne parle pas des artistes qui ont présenté du nouveau matériel lors de premières parties, comme Julien Sagot ou Karim Ouellet. Du jamais vu.
Un festival est toujours tributaire du calendrier des parutions. N’empêche, Montréal en lumière possède désormais un réel pouvoir d’attraction. Nous sommes déjà loin du milieu des années 2000 où nombre de spectacles présentés à MEL étaient des supplémentaires ou des versions majorées (plus grande salle) de prestations vues l’été d’avant aux FrancoFolies ou au Festival de jazz.
Quels sont les facteurs qui expliquent un tel attrait ? A priori, le positionnement du festival en février. Si la saison estivale est achalandée au possible (FrancoFolies, FIJM, Heavy MTL, Osheaga, etc), si l’automne ne laisse pas sa place (Pop Montréal, Coup de cœur francophone), la période qui va de la fin novembre jusqu’au printemps est moins chargée, rayon festivals de musique à dominance francophone.
Et puis, si un artiste pense faire sa rentrée en février, pourquoi ne pas la faire durant MEL ? Un festival bien structuré possède un attrait non négligeable auprès de la population, surtout quand il est rehaussé de diverses propositions (bouffe gastronomique, site extérieur familial, projections lumineuses, etc). Les artistes le savent. Et leurs agents aussi…
Impact immédiat du succès de cette année : quelques-unes des rentrées les plus acclamées (Cœur de pirate, Catherine Major) ont déjà droit à leurs supplémentaires aux FrancoFolies de 2012. Remarquez, on parle ici de spectacles qui affichaient complet des semaines à l’avance. The Barr Brothers, eux aussi, auront droit à une supplémentaire, mais au FIJM.
On ne serait d’ailleurs pas surpris que les projets spéciaux que furent l’intégrale des Variations fantômes de Philippe B avec le Quatuor Molinari, Jorane et I Musici, ainsi que Ne me quitte pas (l’hommage à Jacques Brel) soient repris sous peu, tant ces spectacles on eu droit à des critiques élogieuses.
Justement, parlant d’éloges, voici le tableau d’honneur annuel. Finalement, on ne s’est vraiment pas ennuyé.
Le spectacle coup de coeur : Match nul à un très, très haut sommet entre les Variations fantômes de Philippe B et The Barr Brothers. Deux performances qui, par leur approche, leur grande musicalité, leur intégration de genres, leurs impeccables instrumentations et leur supplément d’âme, nous ont jeté par terre.
Les rentrées coup de coeur : Diane Tell, pour sa convivialité et le culot d’avoir joué intégralement son nouveau disque, Rideaux ouverts ; Catherine Major, pour son intensité et la richesse de ses arrangements ; et Antoine Gratton pour ses déflagrations.
Nos interprétations favorites (pour le pur plaisir procuré) : Saturne sans anneaux (Catherine Major), L’été et Reprise (Philippe B), Give the Devil Back Is Heart (The Barr Brothers), Souvent, longtemps énormément (Diane Tell), New York City (Antoine Gratton), Verseau (Cœur de pirate), La bière (Pierre Flynn) et Au suivant (Pierre Lapointe).
La curiosité: le micro AVEC fil de Marie Denise Pelletier.

Coeur de pirate au Métropolis. De retour au même endroit cet été. Photo courtoisie Montréal en lumière/Frédérique Ménard-Aubin.
On a aimé : le sourire et l’émotion de Cœur de pirate, la harpiste (Sarah Pagé) des Barr Brothers, Anodajay, les costards des membres du Rat Pack, le mercure extérieur clément et les vidéos de My Little Cheap Dictaphone.
On est décu : d’avoir raté Jorane et Stromae (peux pas être partout, quand même…) et de n’avoir vu que 35 minutes du show d’Arthur H parce qu’il fallait aller à Cœur de pirate.
On a évité : la glissage extérieure (pour ne pas se casser la gueule), ainsi que la baraque à frites, le comptoir à gaufres et la maison du chocolat (pour ne pas prendre 10 livres dans la semaine).
On espère : Moins de premières le même soir l’an prochain.