Au terme d’une année où l’on a appris qu’un spectacle du Cirque du Soleil allait quitter Las Vegas prématurément et qu’on en a vu un autre pas très concluant en première mondiale à Montréal, c’était un réel plaisir, lundi, au Centre Bell, de retrouver le Cirque dans son élément naturel avec Dralion.
Par Philippe Rezzonico
Ça peut sembler difficile à saisir pour ceux qui ont fait connaissance avec les productions du Cirque au cours de la dernière décennie – ici ou à Vegas -, mais il fut un temps où la troupe de Guy Laliberté créait une révolution de ce médium sous chapiteau en redéfinissant les bases de ce qu’allait être le cirque moderne.
Presque tout ce qui a fait la renommée du Cirque du Soleil se trouve dans ce Dralion né sous une grande tente qui est désormais présenté en amphithéâtre. On a conservé l’essence de la production originale en centrant presque toute l’action sur une scène circulaire qui offre un impeccable point de vue à tous les spectateurs.
Spectacle reposant sur les symboles de l’Orient (le dragon) et l’Occident (le lion), Dralion oscille entre les tableaux individuels et collectifs qui mettent en valeur les qualités athlétiques des acrobates et contortionnistes, les numéros de voltige et, bien sûr, les clowns d’usage. Rien que du traditionnel, du moins dans le contexte du Cirque du Soleil.
Rayon impact maximum, le formidable numéro de voltige où les artistes sautent sur des trampolines et grimpent sur un immense mur placé au au fond du Centre Bell vient au premier rang. Le mur en question fait furieusement penser à celui de la production originale de Notre-Dame-de-Paris en raison de ses plateformes fixes, tandis que le numéro a des similitudes avec celui de Got A Lot A Livin’ To Do, de Viva Elvis. Très fort.
Autre numéro de groupe très étoffé, celui des acrobates au sol qui se croisent en passant au travers d’une foule de cerceaux de dimensions diverses. Ça va vite et ça fait de l’effet. Quant au numéro de la méduse, on a l’impression que les jeunes femmes font un numéro de nage synchronisée… hors de l’eau.
Solistes exceptionnels
Ce sont néanmoins des numéros individuels qui sont parmi les plus réussis, comme si le fait de tout centrer sur une seule personne magnifiait l’impact de sa prestation aux yeux de tous.
A ce sujet, l’acrobate dont les poses ont dû faire saliver tous les chiropraticiens présents dans le Centre Bell (comment diable peut-elle se tordre ainsi en équilibre sur une main?) était remarquable. Et si vous pensez qu’un numéro de jonglerie est banal en 2011, celui du monsieur du Cirque va vous épater. Souple, ce jongleur…. Le pas de deux aérien du duo suspendu au bout des grands rubans était pour sa part aussi beau que sensuel, aussi achevé que touchant.
Pour les plus jeunes, le volet rigolade est l’affaire d’un trio de clowns aux racines italiennes et d’un spectateur invité par les artistes sur scène. Ceux qui ont connaissent la recette du Cirque savent d’emblée que le « spectateur » fait partie de la distribution, mais celui-ci, bon comédien, arrive à cacher son jeu un bon moment. L’important, c’est que les jeunes tombent dans le panneau. Et ça marche.
L’imagerie de l’Orient prend le dessus sur celle de l’Occident en raison des ses costumes, de ses couleurs et de ses éléments de scène (les dralions, les oriflammes) qui rappellent les grands fêtes populaires asiatiques, mais la magie opère encore plus d’une décennie après la création du spectacle.
Certes, Dralion n’est pas une production qui dispose du budget de O et elle n’a pas la prétention de bousculer l’ordre établi comme Zumanity. Mais dans le genre spectacle grand public parfaitement ciblé à l’approche du temps des fêtes, c’est du taillé sur mesure.
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Dralion, du Cirque du Soleil: du 20 au 23 décembre, au Centre Bell.