Franz Ferdinand : la pérennité

Franz Ferdinand. Photo promotionnelle.

Quiconque ayant assisté au spectacle de Franz Ferdinand, jeudi soir, au Métropolis, en est ressorti satisfait et ragaillardi à la suite de cette prestation vitaminée. On pourrait dire que les Écossais ont livré, une fois de plus, une très solide performance. Mais il y a plus.

Par Philippe Rezzonico

Dans la vie, il y a parfois des spectacles qui font office de découvertes et d’autres, qui font office de consécration. Cela fait longtemps que FF a passé ces deux caps à Montréal. Celui-là était d’un tout autre niveau.

Combien de fois Franz Ferdinand est passé à Montréal depuis ses débuts? Pas sûr du chiffre exact, mais on parle d’au moins une demi-douzaine de fois depuis 2006. Je les ai vus six fois sur scène depuis cette année-là. Assidue, la bande à Alex Kapranos.

Deux trois constats étaient flagrants dans le Métropolis archibondé. Il y a avait plus de monde qu’à Simple Minds, deux jours plus tôt. C’est vous dire.

FF n’a plus besoin d’aucun artifice sur scène. Comprendre qu’un jeu de lumières suffit amplement. Car au-delà des mots « Toughts » « Words » et « Action » peints sur les amplis qui faisaient référence au titre du nouvel album Right Thoughts Right Words Right Action et de l’affiche FF accrochée au fond de la scène – qui faisait ridiculement amateur -, les Écossais n’avaient aucun artifice de scène (vidéos, projections, etc).

C’est le propre des groupes ou artistes qui savent que leur musique tient debout toute seule, contrairement à Rihanna, Lady Gaga et Mariah Carey, entre autres.

L’autre évidence, c’est de voir à quel point le virage musical – plus pop et plus dansant – amorcé avec le disque Tonight s’est fait sans heurts. Musclés, mais linéaires au plan musical avec les irrésistibles Take Me Out, This Fire, This Boy et Do You Want To dans le passé, les spectacles de FF offrent désormais des variantes musicales savoureuses.

La récente No You Girls (2009) est désormais un classique avec sa rythmique trépidante au possible, tandis que Can’t Stop Feeling, dans sa version de scène, repose sur la pulsion de I Feel Love, de Donna Summer, titre phare de l’ère disco parfaitement intégré au sein de la chanson de FF depuis quelques tournées.

Intégration parfaite

Autre évidence, rarement les titres d’un album tout frais se sont aussi aisément fondus avec les succès d’antan : Bullet, qui a ouvert la soirée, a la même force de frappe que les tubes du milieu des années 2000, tandis que Evil Eye se veut du FF estampillé 2013 avec ses beats dansants qui permettent à une dynamo nommée Kapranos d’ajouter un soupçon de théâtralité à sa présence de scène. Quant à Love Illumination, même interprétée par le doublé brûlot incendiaire formé de This Fire et Take Me Out, elle a parfaitement franchi l’étape de la scène.

Seul déception de la soirée, la superbe Stand on the Horizon, peut-être la chanson le plus pop et plus mélodique jamais composée par les Fantastic Four écossais, a été gâchée par un imprévu retour de son dans les écouteurs du quatuor qui a dû cesser de joueur instantanément de peur de se faire crever les tympans.

Là encore, on a pris la mesure du métier acquis par FF au cours des ans. Kapranos a donné l’heure juste. Et comme le batteur Paul Thompson semblait plus secoué que ses copains, Kapranos, le fougueux guitariste Nick McCarthy et le placide bassiste Robert Hardy ont livré Right Action dans une version épurée, titre qui était prévu au rappel. L’art de savoir s’en tirer avec les honneurs.

Quand FF a bouclé la soirée au rappel avec Outsiders et un jam batterie/percussion à huit mains (déjà vu dans la passé), on savait que ce spectacle-là, c’était celui de la pérennité. Franz Ferdinand n’a pas fini de nous séduire.