Fascinant, quand même. La plupart des artistes qui passent d’un club à un aréna se cassent la tête pour bonifier leur performance : approche scénique modifiée, ajout ou retrait de chansons pour décupler l’impact. Costumes de scène recherchés. Ajouts de choristes. Effets spéciaux. Pas James Blunt. Pas besoin.
Par Philippe Rezzonico
Si vous étiez à la salle Wilfrid-Pelletier en avril dernier – pour le premier spectacle de la tournée nord-américaine du Britannique -, ainsi qu’au Centre Bell, mardi, pour le retour de Blunt, vous avez vu la même prestation. Je pourrais pratiquement réécrire le texte du printemps. Je plaisante ? Voyez voir…
Le beau James, ayant décidé de monter sur scène après être entré dans la salle Wilfrid-Pelletier au parterre, a provoqué une ruée ponctuée de « high five », d’embrassades et de poignées de main des fans surpris de le voir apparaître à cet endroit.
Entrée identique dans le Centre Bell, sinon que James avait une plus longue marche à se payer du fond de la patinoire jusqu’à la scène. Et il y avait plein d’admiratrices heureuses qui ont pu le toucher. L’utilisation du féminin n’est pas gratuite…
Même la séquence de chansons était identique. Ouverture avec So Far Gone, enchaînement avec Dangerous, Billy, etc. Il a bien offert Into the Dark, au rappel, en précisant que c’était une chanson que «vous ne connaissez pas» qu’il nous offrait en cadeau, mais il l’avait déjà interprétée lors de sa tournée de clubs du printemps.
Il est vrai que bien moins de gens connaissent la chanson en question, car elle n’était parue que sur la version numérique de l’album Some Kind Of Trouble, fer de lance de cette actuelle virée mondiale.
Écoutez… Sauf erreur, il portait le même t-shirt qu’au mois d’avril… Un copier-coller intégral, sauf pour l’ajout d’écrans au ras de la scène et des grands panneaux lumineux à l’arrière-scène. Mais un copier-coller à la puissance 10.
En français pour Montréal
Blunt sait se faire aimer. Et on doit le respect à un British qui se fend en quatre pour parler à ses fans montréalais dans un français cassé, mais potable. Nous sommes loin de certains anglos locaux qui ne savent même pas dire merci en français. Cela dit, Blunt a le droit d’être ému et renversé de l’accueil phénoménal qu’il reçoit de la part du public québécois depuis ses débuts.
Il chante Wisemen ? Dès qu’il pointe du doigt les 6200 spectateurs, ils répondent : « Where are you now… » comme un seul homme. Ce qu’il n’a même pas besoin de faire durant Carry You Home, la foule prenant le refrain au vol. Il tape une fois des mains durant These Are the Words ? Environ 12, 000 mains l’imitent. Same Mistake ? Pas long que les « Wa-ou !! » s’entendent partout dans l’amphithéâtre du Canadien.
Si ce n’était du tabouret de son piano qu’il a fait tomber – par mégarde ou volontairement? – lors d’une livraison musclée de I’ll Take Everything, on aurait pu croire voir un spectacle répété à l’avance avec 6200 spectateurs tellement la complémentarité était totale.
Chœur gigantesque
Comme d’habitude, frissons garantis pour la livraison piano-voix imparable de Goodbye My Lover. Mais faut dire que ça vibre plus avec un chœur gigantesque dans le Centre Bell. Même un type visiblement traîné au show par sa blonde qui ne cessait de lui parler durant ce moment magique s’est fait dire de la boucler…par un autre gars.
Pas eu ce problème. J’ai fait l’inverse. J’ai amené la blonde d’un ami. Anne était aux anges et mon pote va me remercier longtemps de lui avoir évité ce qu’il aurait perçu comme étant un supplice.
Quand il a amorcé Turn Me on, Blunt a fait signe à la foule d’avancer vers lui. Tout le parterre a suivi et le devant de la Wilfrid s’est rempli en claquant des doigts.
C’était ce que j’avais écrit en avril. Blunt a répété l’invitation aux spectateurs exactement au même moment et ces derniers ne se sont pas fait prier. Turn Me On a mordu comme il le fallait (grosses guitares), Superstar a fait trépider tout le monde et You’re Beautiful a encore transformé l’enceinte en église, deux filles près de nous chantant le titre universel en dansant et en se tenant la main. Joli.
I’ll Be Your Man, frénétique, a tout ravagé du parterre jusqu’au plafond. Surtout que Blunt est descendu pour traverser d’un bout à l’autre la salle, sur la largeur.
Vous avez compris le principe. C’était en avril. Là, Blunt a fait du bodysurfing durant 30 secondes avant de courir au parterre pour aller serrer dans ses bras une dame dans les rouges. La chanceuse.
Stay the Night et 1973 ont bouclé la boucle avec force, Blunt montant comme d’habitude sur son piano pour la finale….comme en avril. Mais ça, vous le saviez déjà.