Jill Barber: en français dans le texte

Une Torontoise en France: Jill Barber. Photo courtoisie Six Media Marketing

« Oui, je vais apprendre le français…» Combien de fois avons-nous entendu un membre d’une équipe sportive montréalaise nous faire cette promesse, sans jamais la tenir. Jill Barber n’a jamais fait une promesse du genre, mais elle a appris le français. Et c’est pour cela qu’il y a aujourd’hui un disque qui se nomme Chansons.

Par Philippe Rezzonico

Petit retour en arrière. Nous sommes en 2009 et Jill Barber se produit au Festival international de jazz de Montréal afin d’y présenter Chances, son plus récent disque, bien évidemment composé de chansons anglophones.

Devant l’insistance de proches, elle accepte d’interpréter une des chansons de l’album, All My Dreams, en français. Tous mes rêves devient un succès bœuf instantané, même si la chanteuse estime qu’il ne s’agit pas d’une interprétation parfaite.

Mais Jill Barber a visiblement sous-estimé un truc. Les Québécois francophones adorent quand une anglophone provenant du Canada fait l’effort de parler notre langue. Après tout, il y a des tas de Montréalais anglophones qui ne font même pas l’effort de dire « merci » en français.

Charmée par l’accueil des Québécois, Barber va s’offrir une tournée québécoise. Quand elle revient à L’Astral le 3 février 2010, plus de la moitié des gens présents dans la jeune salle de la rue Sainte-Catherine s’y trouvent à cause de Tous mes rêves. Au fur et à mesure que les spectacles s’enchaînent, l’aisance de Barber à s’exprimer dans notre langue s’améliore. Mais de là à faire un disque en français…

Les cours

« Mon expérience de chanter en français m’a donné le goût de découvrir la chanson française, qu’elle vienne de la France ou du Québec, précise la chanteuse. Je suis tombée en amour avec certaines chansons.

« Mais la décision de faire un disque en français est survenue en janvier 2012, alors que nous étions au MIDEM (Cannes). C’est là que j’ai présenté l’idée à mon label de faire un disque en français. « Vous êtes folle! » a été leur réaction. »

Vraiment pas. La Torontoise était décidée, au point de s’immerger dans la culture et la langue à la suite de voyages successifs.

L'important: l'identification avec les chansons. Photo courtoisie Six Media Marketing.

« Je suis partie dans le sud de la France, deux fois, et chaque fois durant au moins un mois. Je voulais m’imprégner de la culture et de la langue. Je voulais que ce soit intensif. Je suivais des cours de français à raison de huit heures par jour, cinq jours par semaine. Le soir, j’écoutais des tas de chansons françaises.

« Je voulais quelque chose de concret qui démontre mon travail en français. C’était ça le défi. Et l’idée d’interpréter ce répertoire en français, c’était ma façon de remercier le public francophone qui a servi d’inspiration à ce projet. »

Il restait donc à choisir les titres parmi le catalogue gigantesque de la chanson française. À en juger par ceux retenus sur Chansons, Barber a été plus influencée par les classiques de la chanson française venus de l’Hexagone. Peut-être parce que son immersion a eu lieu en France. Mais ce n’est pas tout.

« Il fallait que je sélectionne des chansons auxquelles je pouvais m’identifier. J’ai aussi tenté de ne pas choisir toujours les chansons les plus connues d’un artiste. »

Chansons-phares ou pas

Réussite partielle sur ce point. La Javanaise, Quand les hommes vivront d’amour et Petite fleur, par exemple, sont des chansons-fétiches pour leurs interprètes respectifs. mais Plus bleu que tes yeux, Adieu foulards ou Mélancolie ne le sont pas nécessairement, indépendamment de leur notoriété. On vous laisse le plaisir de découvrir les interprètes ou auteurs de ses chansons…

Jill Barber a néanmoins su colorer ces classiques à sa manière. La Javanaise exulte les effluves latines, N’oublie jamais est nappée d’un trompette chicano  et J’attendrai est nettement plus proche de la version de Rina Ketty que de Dalida.

« Nous avons beaucoup travaillé les arrangements, confirme-t-elle. Avec le recul, je réalise que mes fans anglophones peuvent accepter cet album même s’ils ne maîtrisent pas la langue et j’espère que les francophones l’aimeront tout autant.

« Il y a beaucoup de chansons romantiques et d’émotions sur ce disque. Et la musique est une langue universelle. »

Chansons, de Jill Barber, disponible en format physique et numérique.