Comme des tas de groupes punk, Simple Plan devait durer le temps de deux ou trois disques. Treize ans après leur formation, une décennie après leur premier album et des millions de disques écoulés de par le monde depuis lors, le groupe est plus populaire et rassembleur que jamais comme on l’a constaté, jeudi, au Centre Bell.
Par Philippe Rezzonico
Pourquoi ? S’il fallait tenter de trouver une raison au succès mondial du groupe francophone qui a décidé de faire carrière en anglais, c’est au parterre et dans les gradins qui accueillaient près de 12, 000 spectateurs que l’on trouverait l’explication.
Lors de la tournée de No Pads, No Helmets… Just Balls…, le public de Simple Plan avait à peu près l’âge des membres du groupe. Une décennie plus tard, pour celle de Get Your Heart On !, Simple Plan fait encore le plein d’adolescentes, mais aussi de pré-adolescentes et de petites filles accompagnées de leurs mères, dorénavant dans la trentaine.
La capacité de renouvellement de ce groupe est étonnante. On ne parle pas encore d’un band intergénérationnel comme Mes Aïeux, mais ça pourrait être le cas d’ici quelques années.
Quand Simple Plan a balancé très tôt Can’t Keep My Hands of You – la chanson qu’ils n’avaient pas le droit de chanter lors de leur récente tournée en Chine – je me suis dit que les deux petites filles qui sautaient comme des éperdues près de moi n’étaient pas nées quand le groupe s’est formé en 1999.
On espère qu’elles n’ont pas remarquées que Pierre Bouvier a généreusement tâté ses parties génitales à ce moment, comme Michael Jackson le faisait dans une autre vie. Simple Plan, c’est désormais un spectacle familial, quand même…
Un autre élément explicatif tient du lien qui existe entre Simple Plan et ses fans. Lorsque que le groupe a entonné la poignante This Song Saved My Life, on a vu défiler sur les écrans des dizaines d’images d’adolescentes qui exprimaient leur gratitude – slogans à l’appui – envers le groupe.
Estime de soi, émancipation, respect… Un nombre considérable de jeunes femmes voient Bouvier, Chuck Comeau, David Desrosiers, Jeff Stinco et Sébastien Lefevbre comme des beaux bonhommes désirables, certes, mais aussi comme des modèles, des amis, des grands frères…
Quand tu lis sur l’écran : « Je me reconnais dans chaque parole que vous chantez », c’est là que tu comprends pourquoi Simple Plan dure et dure encore. Cette livraison, immédiatement suivie par Welcome To My Life, fut un doublé coup de cœur.
La frénésie
Évidemment, contrairement au critique qui cherche toujours une explication logique à des comportements sociaux, le public, lui, va voir Simple Plan pour faire la fête. Quand tu as des chansons frénétiques comme Shut Up et Jump, accrocheuses comme Addicted et I’do Anything, et mordantes comme You Suck At Love et Your Love Is A Lie, tu es en voiture.
Simple Plan en a pourtant rajouté en allant piger des tubes chez des contemporains : I Gotta Feeling (Black Eyed Peas), Moves Like Jagger (Maroon 5), Dynamite (Taio Cruz) et Sexy and I Know It (LMFAO) ont ajouté du piquant à la sauce parfois un peu linéaire des boys.
Pas de fla-fla. De l’énergie à revendre, 24 amplis alignés sur scène et un minimum de support visuel. Il y a bien eu les quelque 30 ballons de plage tombés du plafond durant Summer Paradize, mais comme il s’agissait de ballons sertis du logo de Simple Plan, les spectateurs ont rapidement mis la main dessus pour les ramener à la maison.
Quelques invités au menu, notamment Alex Gaskarth, de All Time Low (l’un des trois groupes qui ont précédé Simple Plan sur scène), pour Freaking Me Out, et bien sûr, Marie-Mai, qui est venue chanter Jet Lag en duo avec Bouvier. Mes bouchons avaient du mal à résister aux décibels générés par la foule.
Foule, on le rappelle, déchaînée au possible ! Quand Bouvier s’est amené de notre côté lors de son bain de foule durant Welcome To My Life, des dizaines de filles sont descendues… Non. Pardon… Des dizaines de filles ont déboulé les marches pour pouvoir le prendre en photo tout près de la rampe de la patinoire. Desrosiers s’est également offert un bain de foule, sauf que lui, il l’a fait en se balançant tel un sac de pommes de terre dans un parterre en folie.
Quand les milliers de confettis ont signifié la fin du show, il n’y avait aucun doute dans notre esprit : les gars de Simple Plan ont encore de longues années de carrière devant eux. Après tout, la majorité de leurs fans sont désormais plus jeunes qu’eux…