FIJM 2014: Stacey Kent, une voix pour plusieurs langues

Stacey Kent/Photo courtoisie FIJM

De son appartement de Londres, Stacey Kent s’exprime dans un français à faire honte aux anglophones unilingues de Montréal et à certains francophones de souche dont le français est plus que bancal. Et ce n’est pas la seule langue autre que l’anglais que l’Américain maîtrise.

Par Philippe Rezzonico

Polyglotte, Stacey Kent tire parti de sa connaissance des langues pour chanter aux quatre coins du monde. Chanter, mais aussi, pour raconter des histoires.

Ceux qui seront ce soir dans un théâtre Maisonneuve bien rempli verront la chanteuse américaine interpréter des chansons en anglais, en français et en portugais, lien direct avec son plus récent disque, The Changing Lights.

Ce ne sont toutefois pas les seules langues que Stacey Kent fréquente de façon assidue. Outre le trio mentionné, elle connait le latin, l’allemand et l’italien.

« J’aime les paroles. La poésie. J’aime communiquer avec les gens », dit-elle. Et elle a aussi le mandarin et le russe dans sa mire.

Compréhension de texte

Bref, quand Stacey Kent vous chante une chanson en anglais, en français ou en portugais, elle sait parfaitement de quoi elle parle, contrairement à des artistes qui risquent le pari d’une autre langue et qui s’en tirent en raison d’une phonétique adéquate plutôt que d’une réelle compréhension de texte.

Pour le Français, c’est la présence d’un grand-père d’origine russe qui a appris cette langue à la petite Stacey qui explique son attachement à ces racines-là. Pour le portugais, le goût de cœur est survenu aussi durant la jeunesse de l’artiste en devenir.

« C’était après l’école. J’avais 14 ans et j’allais chez mon grand ami où, assis sur le tapis, on jouait aux cartes et on écoutait du rock, de la pop et du jazz. Et c’est là que j’ai entendu le fameux Getz/Gilberto. Et je me suis dit : « Mais qu’est-ce que c’est que ça? » J’ai découvert le Brésil très jeune, avant de savoir que j’allais chanter. »

C’est ce qui est formidable avec Stacey Kent. Jamais, depuis les premiers disques qui nous l’ont fait découvrir et lors des premières entrevues avec elle, n’a-t-on eu l’impression que cette artiste bâtissait une carrière. Pas de calcul, ici. Mais de l’instinct, ça oui.

« Je fais dans ma vie ce qui me vient naturellement. Le français a sa raison d’être. Je ne pense pas à ma carrière. Je veux partager ma musique. Je veux partager la condition humaine. Je grandis. Je suis plus mûre. Je veux ouvrir mon âme et chanter encore mieux.

Nostalgie de jeunesse

« Ce nouvel-album, il est plus nostalgique pour moi. Ce fut l’occasion de trouver cette jeune fille qui adorait le brésil étant jeune. Quand j’ai découvert Jobim. Il y avait lien fort, mais je n’avais pas encore de vocabulaire musical. La douceur, la mélancolie, le rythme de la bossa ou de la samba.. Cette tension entre tristesse et joie : il y a un peu de moi dans tout ça. Il y a ma sensibilité. »

Stacey Kent parlait de communiquer. C’est ce qu’elle fait avec ses fans par l’entremise de son site web. Au point que plusieurs d’entre eux ont émis le désir de l’entendre chanter telle ou telle chanson lors de son spectacle à guichets fermés à Montréal.

« Je fais des listes et il y a des gens qui me demandent de chanter des chansons pour un désir particulier. J’aime ce partage. »

Stacey Kent, le samedi 28 juin au Théâtre Maisonneuve.