Toujours dans le coup, les Red Hot Chili Peppers

Flea avait presque l’air ému, mercredi, quand il a remercié chaleureusement les 16, 814 spectateurs présents au Centre Bell pour leur soutien et leur fidélité au cours des trois dernières décennies au terme du concert vivifiant des Red Hot Chili Peppers. Et la foule en délire avait le droit d’applaudir encore plus fort. Après tout, nous n’étions pas nombreux à nous attendre à une performance de ce calibre deux heures plus tôt.

Par Philippe Rezzonico

Ce retour à Montréal des RHCP, intronisés au panthéon de la renommée il y a quelques semaines, faisait clignoter un tas de feux rouges à mes yeux. Tous ceux qui ont vu la bande à Anthony Kiedis et Flea le savent : d’une tournée à l’autre – et même d’un soir à l’autre -, on peut voir le meilleur et le pire de ce groupe qui a su conserver son âme de garage malgré une quantité phénoménale de succès radiophonique grand public.

Et là, après l’ouverture des portes du temple du rock n’ roll, je me disais que nous étions dû pour un spectacle sur le pilote automatique avec cette tournée du disque I’m With You. Vraiment pas…

Pense pas avoir vu les gars aussi en feu depuis leur passage au Centre Molson en 2000, quand les Stone Temple Pilots avaient tellement chauffé la salle en première partie que les RHCP avaient dû sortir le grand jeu.

Zéro étincelles mercredi avec Sleigh Bells qui a complètement raté le coche en première partie. Non mais…. qu’est-ce qu’on s’est emmerdé ! Navrant. Mais les RHCP, eux, ils ont ouvert la machine d’entrée de jeu et ils ont su maintenir l’intérêt et le rythme.

La grande forme

Avec Flea, il n’y a jamais de crainte. Le bassiste qui à la forme d’un olympien – et qui marche encore sur ses mains -, va toujours assurer, tant sur la qualité que la distance. Kiedis, pas toujours. Et de la façon dont il se démenait tel un pantin désarticulé durant le premier quart d’heure, on se disait qu’il n’allait pas tenir la route. Bien au contraire… Voix au poste, le pas leste, sautillant comme un diable, du ressort: Anthony a tenu le fort comme on ne l’a pas vu le faire depuis longtemps.

Bien sûr, il lui arrive de profiter de l’aide de la foule. Quand tu as sous la main des bombes chantées à l’unisson comme Scar Tissue, Can’t Stop et Under the Bridge, tu en profites. Mais jamais le soutien vocal de l’assistance n’a remplacé les membres des RHCP qui ont vraiment fait le spectacle.

Jam session

Fidèle à ses habitudes, le band a multiplié les mises en bouche instrumentales avant d’amorcer ses succès. Très souvent, ce fut Flea qui a donné le signal du départ, mais parfois le batteur Chad Smith et le guitariste John Klinghoffer qui a la lourde tâche de faire oublier John Frusciante.

Et bien, la chimie, comme on dit, entre Klinghoffer et Flea était fort convaincante. Fallait voir les deux hommes – à genoux et face-à-face – se livrer un duel de guitares durant The Adventures of Rain Dance Maggie. Brûlant. Même constat lors de Goodbye Hooray, durant l’introduction de Californication, et lorsque les RCHP reprennent Higher Ground, de Stevie Wonder. En toute franchise, on préfère la voix de Stevie à celle d’Anthony pour cette chanson, mais les maîtres du funk californiens apportent une touche particulière à cette reprise ou chaque membre semblait tirer la couverture de son côté.

J’aurais préféré I Like Dirt à la place de Emit Remmus (trop bordélique), j’aurais voulu entendre Otherside et j’aurais pris un quart d’heure de plus. Mais bon, quand Kiedis (49 ans), Flea (49 ans) et Smith (50 ans) nous offrent un spectacle comme s’ils avaient 15 ans de moins, on ne va pas faire la fine bouche. Contagieux, quand même, la proximité du jeunot Klinghoffer (32 ans)…