X-Men Days of Future Past : une affaire d’espace-temps

Magneto (Michael Fassbender) dans Days of Future Past. Photo de production.

Le temps, ce joujou chéri des scénaristes de science-fiction, est le fondement de X-Men : Days of Future Past, dernier-né de la franchise de Marvel qui, joli paradoxe, se veut à la fois une suite à la trilogie d’origine de la série cinématographique parue dans les années 2000 et à l’antépisode X-Men : First Class, lancé il y a deux ans. Fort, quand même.

Par Philippe Rezzonico

Ce concept du temps, le réalisateur Bryan Singer le maîtrise au point qu’il a réussi à ne pas faire déraper le scénario du diptyque le plus prisé de l’histoire de l’illustré américain, ce qui est une réussite en soi. Mais s’il avait ajouté juste un peu plus de ce précieux temps au compteur, il aurait transformé ce très bon épisode en chef-d’œuvre.

Dans quel espace-temps sommes-nous quand nous retrouvons les X-Men familiers que sont Wolverine (Hugh Jackman), Charles Xavier (Patrick Stewart), Magneto (Ian McKellen), Storm (Halle Berry), Iceman (Shawn Ashmore), Kitty Pride (Ellen Page) et Colossus (Daniel Cudmore). On ne le sait trop.

À en juger par ce monde dévasté par les Sentinelles qui éradiquent les mutants et qui enchaînent les Homo Sapiens, bien après la fin de X-Men : The Last Stand, où Jean Grey (Famke Janssen) et Cyclops (James Marsden) avaient trouvé la mort.

Qui sont les X-Men nommés Bishop (Omar Sy), Blink (Bingbing Fan), Sunspot (Adam Canto) et Warpath (Booboo Stewart)? Pas le temps de les présenter. Seuls les amateurs de l’illustré les connaissent.

Ce que l’on sait, c’est que pour empêcher ce cauchemardesque présent d’apocalypse atomique, on doit revenir dans le passé pour changer l’avenir. Concept de base, disions-nous.

Retour vers le passé

Il faut donc envoyer Wolverine quelques 40 ans en arrière dans l’espace-temps afin de convaincre les jeunes Charles Xavier (James McAvoy), Magneto (Michael Fassbender) et Beast (Nicolas Hoult) d’empêcher Raven devenue Mystique (Jennifer Lawrence) de poser un geste irréparable, soit de tuer l’inventeur des Sentinelles, Bolivar Trask (Peter Dinklage).

Là, on se retrouve quelques dix ans après la fin de First Class avec pas mal d’autres interrogations en tête. Nous aurons droit à certaines réponses et à un certain nombre de clins d’œil à d’autres films de la franchise.

À ce petit jeu de casse-gueule potentiel, Singer, qui a repris du service après avoir réalisé les deux premiers long-métrage, arrive à nous concocter une histoire qui reproduit bien l’esprit des # 141 et 142 de la série originale des X-Men.

C’est peut-être l’épisode parmi tous les films de Marvel qui est le plus fidèle à l’histoire originale, et ce, en dépit de certaines libertés, comme celle de nous faire croire que nous sommes à Paris, alors que tout Montréalais qui se respecte va reconnaître l’Hôtel de ville et sa fontaine adjacente.

L’une de ces libertés est de nous présenter Quicksilver (Evan Peters), l’homme qui court plus vite que son nombre, qui vole la vedette durant le quart d’heure qui lui sert à faire évader Magneto, l’homme qui a tué J.F.K, rien de moins! Quicksilver ne figure pas dans l’histoire de base de Days of Future Past, mais on s’en fout. Peters crève l’écran.

Xavier vs Magneto

Singer n’oublie toutefois jamais la joute idéologique entre Xavier et Magneto, qui est bien supérieure dans cet opus entre McAvoy et Fassbender, qu’elle ne le fut dans le temps entre Stewart et McKellen.

D’ailleurs, dans ce film qui fait penser à Generations, de Star Trek – où l’on voit la première équipe de l’Entreprise côtoyer la seconde -, force est d’admettre que les « jeunes » sont plus intéressants que les aînés et que Jackman est la pièce maîtresse qui lie toutes les époques.

Cela explique peut-être pourquoi l’apport de certaines vedettes d’antan – et même de nouveaux venus – est presque minimaliste en regard de leur stature dans l’univers des X-Men. C’est bien le seul aspect du temps que Singer n’a pas parfaitement maîtrisé.

Le film est d’une durée de deux heures et 11 minutes. Il parait que Singer a coupé quelques séquences. On aime se plaindre des films trop longs, mais pour une fois, il n’aurait peut-être pas dû…

Singer aurait pu rajouter une dizaine de minutes, afin de ne pas tourner les coins ronds.

Après tout, The Avengers dure deux heures et 23 minutes et il n’y en a pas une de trop. Le scénario de Days of Future Past – le meilleur en cinq décennies d’illustrés des X-Men -le méritait amplement. Un « Director’s Cut », peut-être?

X-Men : Days of Future Past, de Bryan Singer, avec Hugh Jackman, Jennifer Lawrence, James McAvoy, Michael Fassbender, Patrick Stewart et Ian McKellen.

3 étoiles et demie